Liège, Belgique – 5 décembre 2025 – Le monde du spectacle belge est en émoi. Une enquête explosive diffusée cette semaine par la RTBF met en lumière des accusations d’une gravité exceptionnelle à l’encontre d’Alain Beaufort, directeur emblématique du théâtre de l’ALENA, une institution liégeoise respectée. Au cœur de cette tempête, cinq témoins décisifs corroborent les faits de harcèlement sexuel et de tentative de viol, dont une jeune femme de 21 ans aurait été victime, relançant avec force une procédure judiciaire initiée il y a près de deux ans.

L'onde de choc des révélations de la RTBF

Les révélations de la RTBF, rendues publiques en ce début décembre 2025, ont frappé de plein fouet la scène culturelle belge. Le reportage détaillé et méticuleux met en cause Alain Beaufort, figure bien connue et respectée des arts de la scène, pour des comportements jugés inacceptables et criminels. L'enquête, fruit d'un travail d'investigation approfondi, s'appuie sur des témoignages concordants et une chronologie des faits glaçante, qui ont laissé l'opinion publique sous le choc.

Le théâtre de l'ALENA, réputé pour son audace artistique et son rôle central dans la vie culturelle liégeoise, se retrouve brusquement sous les feux des projecteurs pour une affaire extra-artistique qui risque de ternir durablement son image et celle de son directeur. Les accusations, portées par d'anciens collaborateurs et une victime présumée, pointent du doigt un système de pouvoir et d'intimidation qui aurait permis de tels agissements.

Manuela*, 21 ans : La plainte qui éclaire l'affaire

Au cœur de cette enquête se trouve Manuela*, une jeune femme de 21 ans qui avait été engagée comme barmaid au théâtre de l'ALENA. Son témoignage est central et constitue la base des investigations judiciaires. C'est en mars 2024, il y a donc près de deux ans, que Manuela* a eu le courage de déposer plainte contre Alain Beaufort. Selon nos informations et les récits corroborés par la RTBF, elle aurait subi un harcèlement sexuel persistant de la part du directeur, culminant, selon sa plainte, en une tentative de viol.

La plainte de Manuela* décrivait des avances insistantes, des remarques dégradantes et des gestes déplacés, qui se seraient déroulés sur plusieurs mois au sein même de l'établissement. L'apogée de ces comportements aurait eu lieu un soir, après une représentation, lorsque Manuela* se serait retrouvée isolée avec Alain Beaufort. C'est à ce moment-là que la tentative d'agression sexuelle aurait eu lieu, un événement qu'elle a eu l'audace de dénoncer malgré la position d'autorité de son agresseur présumé.

Le dépôt de cette plainte en mars 2024 avait alors lancé une procédure judiciaire discrète. Mais l'enquête de la RTBF, rendue publique cette semaine, a permis de recueillir de nouveaux éléments et de donner une toute autre dimension à l'affaire, tirant le voile sur des comportements qui, selon certains, étaient connus mais tus dans le milieu.

Cinq témoignages accablants : La parole se libère

Ce qui confère une force considérable à l'enquête de la RTBF, ce sont les témoignages de cinq autres personnes, qui ont accepté de parler, souvent sous couvert d'anonymat pour préserver leur carrière et leur intégrité. Ces témoins, d'anciens employés ou collaborateurs du théâtre, décrivent un schéma comportemental récurrent de la part d'Alain Beaufort. Leurs récits, bien que ne concernant pas tous des tentatives de viol, mettent en lumière un climat de travail teinté de harcèlement, de pressions et d'abus de pouvoir.

Ces témoignages sont cruciaux car ils viennent étayer les dires de Manuela*, renforçant la crédibilité de sa plainte et démontrant que ses allégations ne sont pas isolées. Les témoins ont décrit des situations similaires de harcèlement moral, de propositions indécentes, et une atmosphère générale où le respect des limites personnelles n'était pas toujours de mise, particulièrement envers les jeunes femmes en position de précarité professionnelle.

Ces révélations interviennent dans un contexte post-#MeToo où la parole des victimes est de plus en plus écoutée et prise au sérieux, et où les institutions culturelles sont sous pression pour garantir des environnements de travail sûrs et respectueux.

Alain Beaufort s'est défendu sur Vivacité Liège-Matin

Face à la gravité des accusations et à la pression médiatique montante, Alain Beaufort a été invité à s'exprimer dans l'émission radio de Vivacité Liège-Matin. Lors de son passage, diffusé la semaine dernière, le directeur a catégoriquement nié les faits qui lui sont reprochés. Il a qualifié les accusations de Manuela* et des témoins d'«allégations diffamatoires» et de «campagne de déstabilisation» visant à nuire à sa réputation et à celle du théâtre de l'ALENA.

M. Beaufort a affirmé n'avoir jamais eu de comportement inapproprié et a insisté sur son engagement en faveur d'un environnement de travail sain et respectueux au sein de son établissement. Il a également déclaré qu'il se tenait à la disposition de la justice pour «faire toute la lumière» sur cette affaire et prouver son innocence. L'interview a montré un directeur combatif, cherchant à défendre son honneur face à une situation de crise sans précédent.

Cependant, ses dénégations sont désormais confrontées à un faisceau d'éléments troublants et de témoignages convergents, ce qui rend sa position de plus en plus intenable aux yeux de l'opinion publique et des autorités.

Réactions du monde culturel et suites judiciaires

L'affaire a provoqué une onde de choc immédiate au sein du monde culturel belge. De nombreuses voix s'élèvent pour réclamer une enquête approfondie et des mesures fortes. La Fédération Wallonie-Bruxelles, tutelle de nombreux théâtres, a indiqué suivre l'évolution de la situation avec la plus grande attention. Des appels à la suspension préventive d'Alain Beaufort de ses fonctions ont déjà été lancés par plusieurs collectifs d'artistes et d'associations de défense des droits des femmes.

Du côté judiciaire, l'enquête est désormais relancée avec une vigueur nouvelle. Les témoignages recueillis par la RTBF seront très probablement versés au dossier d'instruction, renforçant la position de la plaignante et potentially menant à l'inculpation d'Alain Beaufort. La police judiciaire pourrait être amenée à interroger de nouveau les différentes parties ainsi que les nouveaux témoins. Le Parquet de Liège n'a pas encore communiqué officiellement sur les avancées de l'enquête, mais l'attention médiatique est désormais à son comble.

Le théâtre de l'ALENA lui-même fait face à une crise de gouvernance majeure. Le conseil d'administration est sous pression pour prendre des décisions rapides et claires afin de protéger l'intégrité de l'institution et d'assurer un environnement sûr pour ses employés et artistes. Des réunions d'urgence sont en cours pour évaluer les mesures à prendre, qui pourraient aller de la mise à pied conservatoire à la révocation du directeur.

Un rappel de la vulnérabilité dans le secteur culturel

Cette affaire du théâtre de l'ALENA n'est malheureusement pas isolée et rappelle la vulnérabilité de certains travailleurs, notamment les jeunes et les précaires, dans des secteurs où les relations de pouvoir sont souvent très asymétriques. Le monde du spectacle, avec ses figures charismatiques et ses dynamiques de carrière parfois informelles, a souvent été pointé du doigt comme un terreau fertile pour de tels abus.

L'enquête de la RTBF, en donnant la parole à celles et ceux qui ont longtemps souffert en silence, contribue à la prise de conscience collective et pousse à une meilleure prévention et un traitement plus rigoureux des cas de harcèlement et d'agression sexuelle. C'est un pas de plus vers une culture de la tolérance zéro, où la réputation artistique ne peut plus servir de bouclier face à la justice et à l'éthique.

L'affaire du théâtre de l'ALENA promet de longs développements judiciaires et sociétaux. EuroMK News continuera de suivre cette situation de près et de vous tenir informés des prochaines étapes de cette enquête qui secoue la Belgique et interpelle sur les pratiques managériales et le respect de la personne dans les institutions culturelles.