Un dénouement attendu pour les villes wallonnes
Bruxelles, le 5 décembre 2025 – C’est un souffle de soulagement qui parcourt la Wallonie en ce début du mois de décembre 2025. Après des semaines d'incertitude et de vives inquiétudes, le gouvernement wallon a réussi à débloquer une situation critique pour six de ses principales villes. Un montant de 210 millions d'euros sera finalement mis à disposition de Mons, Charleroi, Liège, Seraing, Namur et La Louvière, des fonds issus d’un emprunt contracté par la Région wallonne elle-même auprès des banques Belfius et ING.
Cette annonce, révélée initialement par nos confrères du Soir, marque un tournant majeur dans le dossier du « Prêt Oxygène », un mécanisme vital pour la santé budgétaire de nombreuses communes. Les villes concernées, confrontées à des défis financiers structurels, étaient jusqu'alors restées sur le carreau, incapables d'accéder à ce financement crucial par leurs propres moyens.
Le « Prêt Oxygène » : Contexte et complexités d'un dispositif essentiel
Le « Prêt Oxygène » a été initié par la Région wallonne en 2023, dans un contexte post-pandémique marqué par l'inflation et la hausse des coûts de l'énergie, afin d'offrir une bouffée d'air frais aux communes en difficulté. L'objectif était de permettre aux municipalités d'emprunter à des conditions avantageuses pour alléger leurs charges courantes, restructurer certaines dettes ou financer des projets urgents, évitant ainsi un déséquilibre budgétaire potentiellement paralysant.
Cependant, dès son lancement, des obstacles sont apparus. Si la plupart des communes éligibles ont pu bénéficier du dispositif, six grandes villes ont été purement et simplement exclues par les banques prêteuses initiales. La raison invoquée ? Un profil de risque jugé trop élevé, des niveaux d'endettement préexistants qui rendaient la soutenabilité de nouveaux emprunts incertaine, et la complexité de leurs bilans financiers. Cette exclusion avait provoqué une onde de choc, les bourgmestres et échevins des villes concernées ayant multiplié les appels à l'aide et les mises en garde quant aux conséquences désastreuses sur la vie quotidienne de leurs habitants.
La Région wallonne au chevet de ses villes : Une solution de dernière minute
Face à l'urgence et à l'impasse, le gouvernement wallon, sous forte pression politique et citoyenne tout au long de l'automne 2025, a dû trouver une solution créative et rapide. L'option retenue est celle d'un emprunt direct par la Région wallonne elle-même. En agissant comme prêteur de dernier recours, la Région se substitue aux institutions financières traditionnelles pour les 210 millions d'euros nécessaires.
Cette manœuvre permet de contourner les réticences des banques vis-à-vis des risques perçus chez ces six villes. La Région, en tant qu'entité souveraine, présente une solvabilité jugée suffisante par Belfius et ING pour contracter l'emprunt global. Les fonds seront ensuite redistribués aux municipalités sous la forme de prêts ou d'avances, selon des modalités qui restent à préciser, mais qui garantiront l'accès à cet « Oxygène » financier tant attendu.
« C'est une décision forte, un engagement clair de la Région envers ses villes qui portent une part considérable de la charge sociale et économique de notre territoire, » a déclaré un membre du cabinet du Ministre-Président wallon, soulignant l'importance politique de cette intervention. « Il était impensable de laisser ces agglomérations s'enfoncer davantage. »
Les villes concernées : Défis et perspectives de ce financement
Les six villes bénéficiaires – Liège, Charleroi, Mons, Seraing, Namur et La Louvière – représentent des centres urbains majeurs de la Wallonie. Chacune, avec ses spécificités, fait face à des défis importants :
- Liège et Charleroi : Souvent confrontées à des enjeux de reconversion industrielle, de rénovation urbaine et de maintien de l'emploi.
- Mons : Bien que dynamique avec son pôle universitaire et ses institutions, la ville gère des charges importantes liées à son patrimoine et ses services.
- Namur : Capitale de la Wallonie, elle doit concilier son rôle institutionnel avec les besoins de sa population et le développement de ses infrastructures.
- Seraing et La Louvière : Des villes historiquement liées à l'industrie lourde, en pleine transformation, qui requièrent des investissements colossaux dans la revitalisation de leurs quartiers et le soutien social.
Pour ces municipalités, les 210 millions d'euros ne sont pas seulement une somme ; ils représentent la capacité à maintenir des services publics essentiels, à ne pas augmenter drastiquement les taxes locales, à lancer des projets structurants qui étaient en attente, ou à simplement équilibrer des budgets malmenés. Cet apport devrait permettre d’éviter des coupes sombres dans des secteurs cruciaux comme la culture, le sport, l’aide sociale ou l’entretien des infrastructures.
Un débat sur la gouvernance financière relancé
Si la solution trouvée est accueillie avec un soupir de soulagement, elle n'en demeure pas moins un rappel cinglant des fragilités structurelles du financement communal en Wallonie. L'opposition politique n'a pas tardé à réagir, saluant l'aide d'urgence tout en critiquant le timing et l'absence de réformes de fond.
« Il est bien que la Région intervienne, mais cette solution de dernière minute est un aveu d'échec de la gouvernance financière à long terme, » a commenté un leader de l'opposition. « Nous avons besoin d'une réforme en profondeur de la dotation aux communes, d'une autonomie fiscale renforcée et d'une simplification administrative, pas de pansements répétés. »
Les experts économiques soulignent également que si l'intervention régionale est nécessaire, elle ne résout pas les causes profondes des difficultés. Le débat sur une réforme des finances locales, incluant la répartition des compétences entre niveaux de pouvoir et les sources de revenus des municipalités, devrait être relancé avec acuité à l'approche des prochaines échéances électorales de 2026 et 2029.
Perspectives : Un pas essentiel, mais non définitif
Cette opération, finalisée en cette fin d'année 2025, est sans conteste un pas essentiel pour garantir la stabilité et le développement de six villes wallonnes majeures. Elle démontre la capacité du gouvernement régional à réagir face à une crise, en se positionnant comme un acteur central du soutien financier local. Cependant, elle met également en lumière l'urgence d'une réflexion plus large et structurelle sur la viabilité économique des communes wallonnes à long terme.
Les 210 millions d'euros sont un ballon d'oxygène vital, mais ils ne sauraient se substituer à une stratégie durable. Les prochains mois verront sans doute des discussions approfondies sur la manière de renforcer l'autonomie et la résilience financière des municipalités, afin que de telles situations d'urgence ne se reproduisent plus à l'avenir.