Le Club de Bruges face à un dilemme : le succès à quel prix ?
BRUGES, Belgique – Le mercredi 3 décembre 2025 restera une date paradoxale pour le Club de Bruges. Sur le terrain, la victoire arrachée 2-1 à Oud-Heverlee Louvain a permis aux Blauw-Zwart de se maintenir en course sur trois compétitions majeures : la Jupiler Pro League, la Coupe de Belgique et une campagne européenne haletante. Un exploit de résilience sportive qui devrait remplir les cœurs des supporters d'optimisme. Pourtant, en coulisses, l'ambiance est lourde. Une vague inédite de blessures musculaires frappe l'effectif brugeois, transformant chaque rencontre en une épreuve supplémentaire pour un groupe déjà mis à rude épreuve. Face à cette hécatombe physique, la direction du club, par la voix de ses dirigeants et de son entraîneur, Nicky Hayen, a désigné sans détour le principal 'coupable' : le calendrier footballistique infernal, devenu insoutenable pour l'intégrité physique des athlètes.
Un automne 2025 sous haute tension
La période allant de septembre à décembre 2025 a été particulièrement exigeante pour les Brugeois. Engagé dans la phase de groupes de l'UEFA Europa League, en plus de ses obligations nationales en championnat et en coupe, le Club a dû enchaîner les matchs tous les trois jours, souvent avec des déplacements longs et épuisants. Cette cadence effrénée, un dénominateur commun aux grands clubs européens, semble avoir atteint ses limites à Bruges, révélant une fragilité inquiétante au sein de l'effectif.
« Nous sommes ravis de la qualification en Coupe et de notre position en championnat et en Europe, mais le prix à payer est énorme, » a déclaré Nicky Hayen, visiblement marqué par la situation, lors d'une conférence de presse post-match. « Chaque semaine, nous devons jongler avec de nouvelles absences. Ce n'est plus une question de malchance, c'est structurel. Les corps de nos joueurs sont poussés au-delà de leurs limites. »
L'épidémie de blessures : un effectif décimé
La liste des absents s'allonge de semaine en semaine. Des cadres essentiels et des jeunes talents prometteurs se retrouvent sur le flanc, principalement en raison de blessures musculaires, signe évident de fatigue et de surcharge. Parmi les noms les plus cités, on retrouve des piliers comme :
- Maxim De Cuyper, le latéral gauche dynamique, victime d'une déchirure aux ischio-jambiers l'éloignant des terrains pour au moins six semaines.
- Raphael Onyedika, le milieu défensif infatigable, touché au mollet et dont le retour est incertain avant le début de l'année 2026.
- Andreas Skov Olsen, l'ailier danois, aux prises avec des douleurs récurrentes à la cuisse qui l'empêchent d'enchaîner les matchs.
- Des pépins plus mineurs mais accumulés pour des joueurs clés comme Hans Vanaken et Thiago, qui jouent malgré une fatigue palpable.
Ces absences ont contraint l'entraîneur à des remaniements constants, affectant la cohésion de l'équipe et la performance globale. Le banc, pourtant bien fourni en début de saison, est désormais mis à rude épreuve, réduisant considérablement les options tactiques et la capacité du staff à faire souffler les joueurs.
Le 'Coupable' désigné : un calendrier à bout de souffle
Pour la direction du Club de Bruges, il n'y a pas de doute : la principale cause de cette série noire est la densification progressive du calendrier footballistique. Bart Verhaeghe, président du Club de Bruges, n'a pas mâché ses mots lors d'un récent entretien avec la presse locale, des propos ensuite relayés par FootNews.BE et d'autres médias spécialisés.
« C'est une situation intenable. Nos joueurs ne sont pas des machines. Les instances dirigeantes du football, de la FIFA à l'UEFA en passant par les ligues nationales, doivent impérativement se pencher sur la question, » a-t-il affirmé. « On nous demande toujours plus de matchs, plus de visibilité, plus d'argent, mais la santé de nos athlètes est sacrifiée sur l'autel du profit et du spectacle. »
Le club met en avant plusieurs facteurs aggravants :
- L'augmentation du nombre de matchs dans les compétitions européennes (avec la refonte prévue pour les saisons futures, déjà anticipée par les calendriers actuels) et nationales.
- Les fenêtres internationales qui fragmentent les saisons et imposent des déplacements transcontinentaux à de nombreux joueurs.
- La pression médiatique et commerciale, qui exige des performances constantes sans laisser de temps suffisant pour la récupération optimale.
Le Club de Bruges n'est d'ailleurs pas un cas isolé. De nombreux clubs à travers l'Europe, notamment ceux qui participent régulièrement aux compétitions continentales, ont signalé une augmentation des blessures musculaires ces dernières années. C'est une tendance lourde que les données scientifiques sur la charge de travail des joueurs confirment avec de plus en plus d'acuité.
Quelles solutions pour l'avenir ?
Face à cette crise, le Club de Bruges a déjà mis en place des protocoles de récupération renforcés, avec un suivi médical individualisé et une optimisation de la nutrition et du sommeil des joueurs. Cependant, ces mesures ne sont que palliatives et ne suffisent pas à enrayer un problème structurel.
À plus long terme, le club appelle à une réflexion collective au niveau des instances du football. Il s'agit notamment de :
- Réduire le nombre de matchs ou, à défaut, d'allonger les périodes de repos entre les saisons.
- Harmoniser les calendriers nationaux et internationaux pour limiter les contraintes de déplacement et les changements de rythme.
- Favoriser le dialogue entre les clubs, les ligues, les fédérations et les syndicats de joueurs pour trouver des solutions durables qui priorisent la santé des athlètes.
« Nous continuerons à nous battre sur le terrain, c'est notre devoir, » a conclu Nicky Hayen. « Mais il est temps que ce combat pour la santé de nos joueurs soit aussi mené en dehors. Il en va de l'avenir de notre sport. »
L'enjeu d'une deuxième partie de saison 2025-2026
Alors que le Club de Bruges aborde le mois de décembre 2025, capital pour ses ambitions européennes et nationales avant la courte trêve de fin d'année, la gestion de cette crise des blessures sera déterminante. La profondeur de banc sera plus que jamais un facteur clé, et la capacité de l'encadrement à maintenir le moral des troupes malgré l'adversité sera essentielle. Les Blauw-Zwart devront puiser dans leurs réserves mentales pour surmonter les obstacles physiques imposés par un calendrier qui, pour l'heure, ne montre aucun signe d'apaisement. Le 'coupable' est identifié, reste à savoir si la justice sportive finira par l'entendre.