Bruxelles, le 4 décembre 2025 – La station de métro Beekkant, habituellement un simple nœud de transit pour des milliers de Bruxellois, est devenue le théâtre d'une agression d'une violence inouïe qui secoue la communauté LGBTQIA+ et l'opinion publique. Le vendredi 29 novembre dernier, aux alentours de 21h, Jamal, une personne non-binaire d'une trentaine d'années, a été la cible d'une agression homophobe et transphobe, plongeant la capitale dans une profonde inquiétude. Son témoignage poignant, recueilli par EuroMK News, est un cri d'alarme retentissant : "J'ai peur de sortir seul.e".
Une Soirée Festive Tourne au Cauchemar
Ce vendredi soir-là devait être une célébration. Jamal, après avoir passé un moment convivial entre ami.e.s dans le centre-ville, se dirigeait vers son domicile. "Il y avait une ambiance festive, on riait, on profitait de la soirée", se remémore Jamal, la voix encore empreinte d'une douleur palpable. Le trajet en métro jusqu'à Beekkant s'est déroulé sans encombre jusqu'à l'arrivée à quai. C'est là que l'horreur a commencé.
Alors que Jamal attendait la correspondance, iel a été interpellé.e par un groupe d'individus. "Ça a commencé par des insultes, des remarques désobligeantes sur mon apparence, ma façon d'être. Très vite, les mots ont tourné à l'homophobie et à la transphobie pure", explique Jamal, les mains tremblantes. La situation a rapidement dégénéré. Les paroles se sont transformées en bousculades, puis en coups. "Ils m'ont frappé.e, m'ont jeté.e à terre, m'ont donné des coups de pied. Je me suis recroquevillé.e en essayant de me protéger, mais ça n'arrêtait pas", poursuit iel, les larmes aux yeux. L'agression, d'une brutalité choquante, n'aurait duré que quelques minutes mais a laissé des marques indélébiles, tant physiques que psychologiques. Jamal a été retrouvé.e avec des contusions multiples, un traumatisme crânien léger et un état de choc sévère. Selon le récit, aucun témoin n'est intervenu directement, figeant la scène dans une angoisse glaciale.
"J'ai peur de sortir seul.e" : Le Poids de la Vulnérabilité
Au-delà des blessures physiques, c'est l'atteinte à l'intégrité et à la sécurité qui pèse le plus lourd. "J'ai peur de sortir seul.e maintenant. Même prendre le métro, que je faisais tous les jours sans y penser, est devenu une source d'angoisse insoutenable", confie Jamal. Cette peur n'est pas seulement celle de la répétition de l'acte, mais celle d'une vulnérabilité soudainement exposée, d'un sentiment de ne plus être en sécurité dans sa propre ville, dans un espace public censé être sûr pour tou.te.s. Jamal, en tant que personne non-binaire, a toujours navigué dans un monde où l'acceptation n'est jamais acquise, mais cette agression a ébranlé les fondations de son quotidien. "Ce n'est pas juste mon corps qui a été attaqué, c'est mon identité, mon droit d'être qui je suis, librement, dans l'espace public", insiste iel.
Malgré le traumatisme, Jamal a choisi de témoigner. "Je ne veux pas que cela arrive à d'autres. Il faut que les gens comprennent l'ampleur de la violence que nous subissons. Il faut une prise de conscience urgente des violences subies par les personnes LGBTQIA+", déclare iel, reprenant les mots qu'iel avait partagés initialement avec BX1 et d'autres médias. C'est un acte de courage immense, une décision prise non pas par désir de vengeance, mais par une volonté farouche de faire avancer la cause de l'égalité et de la sécurité pour toutes les minorités de genre et sexuelles.
Une Recrudescence des Violences Anti-LGBTQIA+ en 2025 ?
Cette agression n'est malheureusement pas un cas isolé. En 2025, la Belgique, à l'instar de nombreux pays européens, observe une persistance, voire une légère augmentation, des actes homophobes et transphobes. Selon les derniers rapports de l'Institut pour l'Égalité des Femmes et des Hommes (IEFH) publiés en fin d'année 2024 et début 2025, le nombre de plaintes et de signalements pour discriminations et violences basées sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre reste préoccupant. Les espaces publics, et particulièrement les transports en commun, sont souvent identifiés comme des lieux à risque. Des études récentes menées par l'UNIA (Centre interfédéral pour l'égalité des chances) en 2023 et 2024 ont souligné que 60% des personnes LGBTQIA+ se sentent occasionnellement ou fréquemment en insécurité dans les transports publics.
L'incident de Beekkant met en lumière la fragilité de la sécurité pour les minorités. Alors que des progrès législatifs ont été réalisés ces dernières décennies, l'acceptation sociale et la tolérance active semblent stagner, voire reculer, dans certaines franges de la population. Les discours de haine, qu'ils soient relayés en ligne ou hors ligne, nourrissent un climat propice à ce type de violence. "Nous avons affaire à une résurgence inquiétante des idéologies haineuses", alerte un représentant de l'association RainbowHouse Brussels, "qui ciblent délibérément la visibilité et l'affirmation des identités LGBTQIA+".
Réactions et Appels à l'Action
L'agression de Jamal a suscité une vague d'indignation et de solidarité. De nombreuses associations LGBTQIA+ ont exprimé leur soutien indéfectible et ont réitéré leurs appels à une action plus forte des autorités. La RainbowHouse Brussels, Cavaria, et d'autres collectifs ont organisé un rassemblement de soutien ce mercredi 4 décembre 2025 au soir devant la station Beekkant, pour dénoncer l'homophobie et la transphobie et exiger des mesures concrètes.
Les responsables politiques n'ont pas tardé à réagir. La Secrétaire d'État à l'Égalité des Chances a fermement condamné l'acte et a promis un renforcement des campagnes de sensibilisation et de la présence policière dans les transports en commun. La STIB (Société des Transports Intercommunaux de Bruxelles), de son côté, a déclaré ouvrir une enquête interne, coopérer pleinement avec la police et examiner les images des caméras de surveillance pour identifier les agresseurs. "La sécurité de nos passager.e.s est notre priorité absolue. Toute forme de violence, et en particulier les actes discriminatoires, est inacceptable et sera traitée avec la plus grande fermeté", a affirmé un porte-parole de la STIB.
Des propositions concrètes sont sur la table :
- L'augmentation du nombre d'agents de sécurité dans les stations de métro et les rames.
- La mise en place de formations spécifiques pour le personnel de la STIB sur la gestion des situations de discrimination et de violence anti-LGBTQIA+.
- Une meilleure information des victimes sur les procédures de dépôt de plainte et les dispositifs d'aide psychologique.
Le Chemin vers une Société plus Sûre
Au-delà des mesures immédiates, l'affaire de Jamal soulève des questions fondamentales sur la cohésion sociale et le respect de la diversité. Le signalement des faits est essentiel. "Nous encourageons toutes les victimes à porter plainte. C'est le seul moyen de briser le silence et de permettre à la justice d'agir", rappelle l'IEFH. La visibilité des personnes LGBTQIA+ est cruciale pour l'acceptation, mais elle ne doit pas les exposer davantage aux risques. C'est un équilibre délicat que la société belge doit trouver, entre l'affirmation des identités et la garantie de la sécurité pour tou.te.s.
Pour Jamal, le chemin vers la guérison sera long, mais sa détermination reste intacte. Son témoignage est un rappel brutal que la lutte pour l'égalité et la sécurité est loin d'être terminée, même en 2025, dans une capitale européenne se voulant progressiste. "Je ne veux pas que ma peur devienne le silence des autres. Je veux que ma voix, et celle de tou.te.s ceux et celles qui ont été blessé.e.s, résonne pour un changement", conclut iel, porteur.se d'un message d'espoir et d'exigence.
L'agression de Jamal dans le métro Beekkant est plus qu'un simple fait divers ; c'est un miroir tendu à notre société, nous forçant à regarder en face la persistance de la haine et l'urgence d'une prise de conscience collective. En décembre 2025, alors que nous célébrons les valeurs d'inclusion, cet acte de violence nous rappelle que la vigilance doit être constante et l'engagement pour une société plus juste et plus sûre pour tou.te.s, inébranlable.