samedi 6 décembre 2025
Liège: 55€ pour Manifester? La Redevance qui Déchaîne la Controverse en cette fin d'année 2025
Société

Liège: 55€ pour Manifester? La Redevance qui Déchaîne la Controverse en cette fin d'année 2025

Depuis le 1er juillet 2025, la Ville de Liège applique une redevance de 55€ pour toute demande d'organisation de manifestation sur la voie publique. Initialement passée inaperçue au milieu des nouvelles taxes administratives, cette mesure refait surface en décembre 2025, suscitant un vif débat sur l'équilibre délicat entre la gestion des coûts communaux et le droit fondamental à la liberté de réunion.

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EuroMK News
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Liège, le 3 décembre 2025 – Tandis que les lumières de fin d'année commencent à scintiller dans la Cité Ardente, une autre étincelle, plus polémique, s’allume dans le débat public. Au cœur de la discussion : une redevance de 55 euros désormais exigée pour le traitement de toute demande d'organisation de manifestation sur la voie publique. Entrée en vigueur discrètement le 1er juillet de cette année, cette taxe, longtemps restée sous les radars, s'impose désormais comme un sujet de préoccupation majeur, interrogeant le prix de la démocratie et la liberté d'expression.

Une Redevance Discrète, un Débat Retardé

C'est une clause parmi tant d'autres qui figurait dans le volumineux « paquet des nouvelles redevances sur les prestations administratives 2025-2031 », approuvé par le Conseil communal de Liège. Au moment de son adoption, probablement fin 2024 ou début 2025 en vue d'une application dès la mi-année, peu d'observateurs avaient prêté attention à la ligne stipulant qu'« une redevance de 55 € sera due pour le traitement des demandes d’occupation du domaine public pour les manifestations occasionnelles ». Le 1er juillet 2025, la mesure est donc appliquée sans grand bruit. Pour la majorité des citoyens, cette nouvelle obligation est restée une information secondaire, noyée dans la masse des décisions administratives quotidiennes.

Pourtant, à mesure que les mois passent et que des associations, des collectifs citoyens ou de simples groupes de manifestants se heurtent à cette exigence, le sujet prend de l'ampleur. Fin novembre et début décembre 2025, des articles de presse locaux, dont un récent de TodayInLiege, ont braqué les projecteurs sur cette redevance, transformant une simple ligne budgétaire en un véritable enjeu de société et de politique locale. La question est claire : 55 euros, est-ce un coût légitime pour la Ville, ou une entrave inacceptable au droit de manifester ?

La Justification de la Ville de Liège: Gérer les Coûts et l'Ordre Public

Du côté de l'administration communale liégeoise, l'instauration de cette redevance est présentée comme une mesure de bonne gestion, visant à couvrir une partie des coûts administratifs liés à l'organisation de manifestations. Les arguments avancés sont multiples et se veulent pragmatiques :

  • Coûts administratifs réels : L'organisation d'une manifestation, même pacifique et de petite envergure, mobilise plusieurs services communaux. Il s'agit notamment du service des Affaires Générales pour le traitement du dossier, de la police pour l'évaluation des risques et la gestion de l'ordre public, des services techniques pour le balisage ou le nettoyage éventuel, et parfois des pompiers ou des services de santé. Le travail d'instruction, de coordination et de suivi génère des coûts de personnel et de fonctionnement. La redevance de 55€ est donc censée représenter une contribution forfaitaire à ces dépenses structurelles, sans pour autant couvrir l'intégralité du coût réel, souvent bien supérieur.
  • Optimisation de la gestion : En exigeant une redevance, la Ville espère également encourager une meilleure planification et potentiellement décourager les demandes fantaisistes ou insuffisamment préparées. L'idée est d'inciter les organisateurs à formaliser sérieusement leur démarche, contribuant ainsi à une meilleure organisation générale des événements sur le domaine public et à la sécurité de tous.
  • Exemples comparatifs : Il est également avancé que Liège n'est pas une exception isolée. De nombreuses villes, en Belgique et ailleurs en Europe, appliquent des redevances ou des frais pour l'occupation du domaine public, que ce soit pour des événements commerciaux, culturels ou associatifs. La redevance pour manifestation s'inscrirait donc dans une logique plus large de mutualisation des coûts pour les prestations administratives.

Pour la majorité en place, il s'agit d'une mesure de responsabilité budgétaire dans un contexte où les finances communales sont sous pression croissante. L'objectif, selon ses défenseurs, n'est pas d'empêcher les citoyens de s'exprimer, mais de faire en sorte que les frais occasionnés par ces démarches soient en partie supportés par les demandeurs, et non uniquement par l'ensemble des contribuables liégeois.

La Liberté de Manifester en Question: La Voix des Opposants

Du côté de l'opposition politique, des associations citoyennes et des défenseurs des droits humains, la mesure est vivement critiquée. L'argument principal repose sur le caractère fondamental du droit à la liberté de réunion pacifique, garanti par la Constitution belge (article 26) et par diverses conventions internationales (comme la Convention européenne des droits de l'homme).

  • Un droit fondamental : Le droit de manifester est perçu comme une pierre angulaire de toute démocratie. Mettre un prix sur son exercice, même minime, est considéré comme une atteinte symbolique et potentiellement concrète à ce droit inaliénable. Les détracteurs estiment que l'accès à l'expression publique ne devrait pas être conditionné par une capacité de paiement.
  • L'effet "dissuasif" : Bien que 55 euros puisse sembler une somme modeste pour de grandes organisations ou des partis politiques bien établis, elle peut représenter un obstacle significatif pour des collectifs citoyens plus modestes, des groupes de jeunes activistes ou des causes émergentes et peu financées. Cet "effet chilling" pourrait, à terme, réduire la diversité des voix dans l'espace public et favoriser uniquement ceux qui ont les moyens de payer, menaçant ainsi la spontanéité et l'accessibilité de la protestation.
  • L'équité et l'accès : Les critiques soulignent l'iniquité potentielle de la mesure. Tandis que des événements commerciaux ou festifs peuvent générer des revenus pour leurs organisateurs, une manifestation citoyenne est généralement désintéressée et vise à défendre un idéal ou à exprimer un mécontentement. Taxer ces dernières revient à les placer sur le même pied que des activités lucratives, sans tenir compte de leur rôle essentiel dans le débat démocratique.
  • Transparence des coûts : La question de la justification du montant de 55 euros est également posée. Les opposants réclament une plus grande transparence sur le calcul de cette somme. Est-elle réellement basée sur les coûts administratifs spécifiques au traitement d'une demande, ou s'agit-il d'une mesure destinée à renflouer les caisses communales sous couvert de frais de dossier ?

Des voix s'élèvent pour dire que le financement des services communaux pour garantir l'ordre public lors des manifestations est une charge qui doit incomber à la collectivité, car elle bénéficie à la démocratie dans son ensemble, et non aux seuls organisateurs.

Réactions et Perspectives Politiques en Décembre 2025

À Liège, le débat s'intensifie alors que l'année 2025 touche à sa fin. Des groupes d'opposition au Conseil communal ont annoncé leur intention de déposer des interpellations et des motions pour demander la révision ou l'abrogation de cette redevance. Des organisations non gouvernementales spécialisées dans la défense des droits fondamentaux pourraient également se saisir du dossier, voire envisager des recours juridiques si la mesure est jugée inconstitutionnelle ou contraire aux principes démocratiques.

Le fait que cette redevance ait pu passer inaperçue pendant près de cinq mois est en soi révélateur d'une certaine opacité dans les prises de décision locales. Mais en cette fin d'année, avec la médiatisation croissante du sujet, la Ville de Liège est désormais contrainte de défendre plus ouvertement sa position face à une opinion publique de plus en plus attentive et critique. La période des fêtes, traditionnellement propice aux rassemblements et aux marches thématiques, pourrait accentuer la pression sur les autorités liégeoises.

Conclusion: Quel Avenir pour le Droit de Manifester à Liège?

La controverse autour de la redevance de 55€ pour les manifestations publiques à Liège cristallise un enjeu plus large : comment concilier les impératifs budgétaires et logistiques des collectivités locales avec la préservation des libertés fondamentales ? La situation liégeoise, en ce début de décembre 2025, est un test pour l'équilibre démocratique. Alors que la Ville met en avant la nécessité de rationaliser ses dépenses et de gérer au mieux l'espace public, les défenseurs des droits s'inquiètent d'une dérive qui pourrait, à terme, museler les voix des plus vulnérables et transformer l'acte de protestation en un privilège payant.

Il est probable que ce débat ne se limite pas à Liège et qu'il résonne au-delà des frontières de la cité, invitant d'autres municipalités à examiner leurs propres pratiques. La suite des événements, notamment les réactions du Conseil communal et l'éventuelle mobilisation citoyenne, déterminera si cette redevance restera une clause administrative ou si elle sera reconsidérée à la lumière des principes démocratiques qu'elle semble, pour certains, mettre en péril.

Photo by Robin De Kesel on Unsplash

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