Le football, sport roi par excellence, n'en finit pas de faire parler de lui, non seulement pour ses exploits sur le terrain mais aussi pour les subtilités de ses règles. Récemment, un fait de match a particulièrement interpellé la communauté footballistique, nourrissant les débats et les interrogations : le pénalty de Jean-Philippe Mateta lors de la rencontre entre Crystal Palace et Manchester United. La question posée est aussi précise qu'étonnante : « Pourquoi Mateta a eu le droit de retirer son pénalty malgré son double contact ? » Cette interrogation, empreinte d'une certaine confusion, nous invite à plonger au cœur des Lois du Jeu pour démêler le vrai du faux, comprendre les mécanismes réglementaires et, le cas échéant, identifier d'où provient cette perception de « petite révolution ».
L'Action Mateta Face à Manchester United : Que S'est-il Passé Réellement ?
Le 6 mai 2024, Selhurst Park était le théâtre d'un match de Premier League opposant Crystal Palace à Manchester United. À la 40ème minute de jeu, Jean-Philippe Mateta, l'attaquant français des Eagles, obtient et transforme un pénalty, portant le score à 2-0 pour son équipe. L'action qui précède est claire : Mateta est déséquilibré dans la surface par le défenseur brésilien Casemiro (et non Leny Yoro, comme suggéré dans un contexte initial, ce dernier évoluant à Lille). L'arbitre n'hésite pas et désigne le point de pénalty. Mateta s'exécute, frappe et marque.
C'est à ce moment précis que la confusion semble s'installer. Les comptes rendus officiels du match, les analyses des experts et les images télévisées n'ont fait état d'aucune infraction commise par Mateta lors de son tir, et encore moins d'un « double contact » qui aurait mené à un retrait du pénalty. Le but a été validé sans contestation majeure liée à l'exécution du tir, la seule vérification du VAR ayant concerné l'existence de la faute initiale de Casemiro.
Il est donc essentiel de rectifier les faits : lors de cet événement spécifique, Mateta n'a pas commis de double contact et, par conséquent, n'a pas bénéficié d'un retrait de pénalty pour cette raison. Cette clarification étant faite, la question sous-jacente reste pertinente : que disent les règles du football concernant un double contact sur un pénalty, et dans quelles circonstances un pénalty peut-il réellement être retiré ?
Le Double Contact au Pénalty : Une Infraction Fondamentale Selon l'IFAB
Pour comprendre les règles encadrant le double contact, il faut se référer à la Loi 14 des Lois du Jeu de l'IFAB (International Football Association Board), l'organisme gardien des règles du football mondial. La Loi 14, dédiée au coup de pied de pénalty, est très claire sur les infractions commises par le tireur.
Définition et Conséquences du Double Contact
Un « double contact » se produit lorsque le tireur, au moment d'exécuter le pénalty, touche le ballon une deuxième fois avant qu'un autre joueur ne l'ait touché. Cela peut arriver si le joueur glisse, si le ballon touche le poteau ou la barre transversale et lui revient directement avant qu'un autre joueur n'intervienne, ou si le joueur frappe le ballon involontairement deux fois.
La règle est sans équivoque : si le tireur du pénalty commet une infraction, notamment un double contact :
- Si le ballon entre dans le but : le but est annulé et un coup franc indirect est accordé à l'équipe défenseuse, à l'endroit où l'infraction a été commise (c'est-à-dire au point de pénalty).
- Si le ballon n'entre pas dans le but : un coup franc indirect est également accordé à l'équipe défenseuse.
Il est crucial de souligner que, dans aucun cas de double contact commis par le tireur, la sanction n'est un « retrait » du pénalty au bénéfice de l'équipe attaquante. Le double contact est une infraction du tireur et est donc sanctionné par un coup franc indirect pour l'adversaire. Il n'y a donc pas de droit au retrait de pénalty pour l'équipe du tireur dans ce scénario.
Les Scénarios de Retirage d'un Pénalty : Quand la Loi l'Autorise
Si le double contact du tireur ne permet pas un retrait de pénalty, il existe cependant des situations bien définies par la Loi 14 où un pénalty peut effectivement être retiré. Ces scénarios impliquent généralement une infraction commise par d'autres acteurs que le tireur, ou une erreur impactant l'équité du jeu :
- Infraction du gardien de but :
Si le gardien de but bouge de sa ligne avant que le ballon ne soit frappé (c'est-à-dire qu'il n'a pas au moins une partie d'un pied sur ou au-dessus de la ligne au moment de la frappe) ET qu'il arrête le ballon, le pénalty doit être retiré. Si le ballon entre dans le but malgré l'infraction du gardien, le but est accordé. - Envahissement de la surface (empiètement) par des joueurs :
Si des joueurs des deux équipes empiètent et que le pénalty est manqué ou arrêté, le pénalty est retiré. Si seul un joueur de l'équipe qui attaque empiète et que le ballon ne va pas dans le but, un coup franc indirect est accordé à l'équipe défenseuse. Si seul un joueur de l'équipe qui défend empiète et que le ballon ne va pas dans le but, le pénalty est retiré. Si des joueurs des deux équipes empiètent et que le but est marqué, le pénalty est retiré. - Interférence extérieure :
Si une interférence extérieure (objet jeté sur le terrain, personne non autorisée) affecte le mouvement du ballon ou d'un joueur, et que le pénalty est manqué ou arrêté, il peut être retiré. - Infraction du tireur qui n'est pas un double contact (e.g. feinte illégale) :
Si le tireur effectue une feinte illégale (par exemple, arrête complètement sa course avant de frapper) et que le but est marqué, le but est annulé et un coup franc indirect est accordé à l'équipe adverse. Si cette même infraction est commise et que le ballon n'entre pas dans le but, un coup franc indirect est également accordé. Toutefois, le règlement a évolué et une feinte pendant la course d'élan est autorisée tant qu'elle ne comprend pas un arrêt complet avant la frappe. Si le tireur commet une infraction après que l'arbitre ait donné le signal et que le gardien de but commet également une infraction, si un but est marqué, le penalty est retiré.
Le rôle du VAR (Arbitrage Vidéo) est devenu prépondérant dans l'application de ces règles. Il permet de revoir les phases litigieuses, notamment l'empiètement des joueurs ou le mouvement du gardien, assurant une application plus stricte et plus juste de la Loi 14, ce qui contribue à la perception d'une « petite révolution » dans la gestion des pénalties.
Décrypter la « Petite Révolution » et la Source de la Confusion
L'expression « petite révolution » utilisée pour décrire l'incident de Mateta met en lumière la perception du public face à l'évolution constante des règles du football et l'impact du VAR. Bien qu'il n'y ait pas eu de révolution spécifique concernant le double contact du tireur menant à un retrait, l'environnement réglementaire a bel et bien changé.
L'Impact du VAR et la Précision Réglementaire
L'introduction du VAR a considérablement accru la capacité des arbitres à détecter les infractions, même les plus minimes. Par exemple, le mouvement infime d'un gardien de but avant la frappe, autrefois souvent ignoré, est désormais systématiquement vérifié. Cette rigueur nouvelle, perçue comme un changement majeur, peut parfois être mal interprétée ou généralisée à d'autres aspects du jeu, y compris ceux qui n'ont pas fait l'objet de modifications récentes.
La confusion autour du pénalty de Mateta et du double contact pourrait donc découler d'une combinaison de facteurs :
- Une méconnaissance des Lois du Jeu précises concernant le double contact et ses conséquences directes.
- Une généralisation de l'impact du VAR et des récentes clarifications sur d'autres aspects du pénalty (notamment le positionnement du gardien ou l'empiètement).
- Une erreur d'interprétation ou une fausse information qui se propage rapidement dans l'écosystème médiatique et sur les réseaux sociaux.
Il est également possible que la confusion provienne d'une autre situation passée ou d'une règle expérimentale qui n'a pas été adoptée, et qui serait par erreur attribuée à cet événement. Toujours est-il que le principe fondamental selon lequel une faute du tireur n'entraîne pas un avantage pour son équipe reste une pierre angulaire des Lois du Jeu.
Conclusion : Clarté des Règles et Défis de l'Interprétation
En conclusion, l'analyse factuelle et réglementaire de l'incident impliquant Jean-Philippe Mateta face à Manchester United ne révèle aucune instance où un double contact aurait été commis par le joueur, ni où un pénalty aurait été retiré pour cette raison. Le but de Mateta a été validé en toute conformité avec les Lois du Jeu.
Le double contact du tireur sur un pénalty demeure une infraction clairement définie par la Loi 14 de l'IFAB, sanctionnée par un coup franc indirect en faveur de l'équipe adverse. Les scénarios de retrait d'un pénalty sont, quant à eux, strictement encadrés et concernent principalement les infractions du gardien de but, l'empiètement des joueurs ou des interférences extérieures.
La « petite révolution » que l'on perçoit dans le football moderne est davantage liée à l'application rigoureuse des règles grâce au VAR et à une meilleure compréhension des subtilités par les arbitres, plutôt qu'à un bouleversement fondamental de principes établis. Il est crucial pour les médias et le public de s'appuyer sur une interprétation précise des Lois du Jeu pour éviter la propagation de confusions et garantir une discussion éclairée sur le sport que nous aimons tant.