BRUXELLES, le 4 décembre 2025 – Le couperet est tombé. Le mercredi 4 décembre 2025 restera gravé comme un jour sombre dans l'histoire culturelle de la Ville de Bruxelles. Le centre d’art contemporain La Centrale, institution reconnue pour son engagement envers la création émergente, a annoncé sa fermeture définitive. La triste nouvelle, confirmée par la direction et relayée initialement par BX1, stipule que les portes de ce lieu emblématique se fermeront en février 2026, plongeant une quinzaine de collaborateurs dans l'incertitude et semant l'émoi au sein de la scène artistique belge.
Une Décision Brutale aux Conséquences Multiples
L'annonce a été faite ce mercredi aux équipes de La Centrale, provoquant une onde de choc immédiate. Pascale Salesse, directrice du centre, contactée peu après l'officialisation de la décision, a fait part à EuroMK News de « beaucoup d’émotions » et d'une profonde déception. Elle déplore, avec une amertume palpable, la « perte d’un soutien essentiel à la création émergente », un rôle que La Centrale endossait avec ferveur depuis de nombreuses années.
Les quinze collaborateurs du centre, dont l'engagement et l'expertise ont contribué au rayonnement de l'institution, se retrouvent face à un avenir incertain. Cette fermeture ne représente pas seulement la fin d'une institution, mais aussi la disparition d'emplois qualifiés et passionnés qui œuvraient quotidiennement pour la culture et l'accessibilité à l'art.
La Centrale : Un Phare pour l'Art Contemporain au Cœur de Bruxelles
Installée dans l'ancienne Centrale électrique du centre-ville, d'où elle tire son nom, La Centrale est bien plus qu'une simple galerie. Fondée au début des années 2000, elle s'était forgé une réputation enviable en tant que laboratoire d'expérimentation et plateforme de diffusion pour les jeunes talents belges et internationaux. Sa mission première était de défricher les territoires de la création contemporaine, d'offrir une visibilité à des artistes en début de carrière et de favoriser la rencontre entre le public et des œuvres souvent audacieuses et avant-gardistes.
Située stratégiquement à quelques pas de la Place Sainte-Catherine, elle jouait un rôle crucial dans le dynamisme culturel du quartier et plus largement de la capitale européenne. Ses expositions, ateliers pédagogiques et événements pluridisciplinaires attiraient un public varié, des connaisseurs d'art aux simples curieux, contribuant ainsi à démocratiser l'accès à l'art contemporain.
Une Programmation Éclectique et Engagée
Au fil des ans, La Centrale a accueilli des centaines d'expositions, présentant une diversité de médiums allant de la peinture et la sculpture à la vidéo, l'installation et la performance. Elle s'est souvent distinguée par des thématiques engagées, explorant des questions de société, d'identité ou d'environnement, faisant d'elle un espace de dialogue et de réflexion indispensable. Nombreux sont les artistes aujourd'hui reconnus qui ont vu leurs premières œuvres exposées sur ses murs, bénéficiant du soutien et de l'expertise de ses équipes.
Les Raisons d'une Fermeture : Pressions Budgétaires et Défis Politiques ?
Si les raisons exactes et détaillées de cette fermeture brutale n'ont pas encore été entièrement explicitées par la Ville de Bruxelles, tout indique une pression financière grandissante. Le « couperet » sous-entend une décision forte et sans appel, probablement liée à des coupes budgétaires ou à un réalignement des priorités au sein de l'échevinat de la Culture.
Le contexte économique actuel, marqué en 2025 par une persistance des défis liés à l'inflation et aux coûts énergétiques, continue de peser lourdement sur les budgets des collectivités locales. Les institutions culturelles, souvent perçues comme des postes de dépenses ajustables, sont malheureusement les premières à en subir les conséquences. La Centrale, comme de nombreuses structures similaires, dépendait en grande partie des subsides publics pour assurer son fonctionnement et sa programmation, en dépit de ses efforts pour diversifier ses sources de revenus via des partenariats privés et des fonds européens.
Cette situation soulève des questions fondamentales sur la vision à long terme de la Ville de Bruxelles en matière de politique culturelle. Le soutien à la création émergente, par nature moins « grand public » et plus risqué que des institutions établies, est-il encore une priorité suffisante pour justifier un investissement public soutenu ? La fermeture de La Centrale pourrait malheureusement être interprétée comme un signal alarmant pour d'autres acteurs culturels bruxellois.
Un Monde de l'Art en Deuil : Réactions et Conséquences
L'annonce a déjà suscité une vague de réactions indignées et attristées au sein de la communauté artistique. Des collectifs d'artistes, des associations professionnelles et de nombreux curateurs ont exprimé leur choc et leur consternation. Plusieurs voix se sont élevées pour souligner le vide que laissera La Centrale, notamment pour les jeunes artistes qui peinent déjà à trouver des espaces d'exposition et des soutiens financiers.
Un Préjudice Irréparable pour la Scène Émergente
- Perte de visibilité : La Centrale était une vitrine essentielle pour les talents non encore établis.
- Diminution des opportunités : Moins de lieux pour expérimenter, échanger et se faire connaître.
- Impact sur l'attractivité : La fermeture d'une institution de cette envergure peut nuire à l'image de Bruxelles comme capitale européenne de l'art contemporain.
Le public bruxellois, habitué à la diversité et à la richesse de la programmation de La Centrale, exprime également sa tristesse. De nombreux messages de soutien et d'incompréhension inondent déjà les réseaux sociaux, témoignant de l'attachement à ce lieu qui a marqué la vie culturelle de la ville pendant plus de deux décennies.
Quel Avenir pour le Bâtiment et la Politique Culturelle Bruxelloise ?
Avec la fermeture de La Centrale, se pose également la question de l'avenir de son bâtiment historique. Que deviendra cet espace chargé d'histoire et de création, idéalement situé au cœur de la ville ? Sa réaffectation, quelle qu'elle soit, devra tenir compte de son passé et de son importance symbolique.
Au-delà de ce cas précis, la fermeture de La Centrale doit servir de catalyseur à une réflexion plus profonde sur le rôle et le financement de la culture dans une capitale comme Bruxelles. Comment assurer la pérennité des institutions, garantir un soutien suffisant à la création sous toutes ses formes, et maintenir l'accessibilité à la culture pour tous les citoyens, face aux contraintes budgétaires et aux changements de priorités politiques ?
La disparition de La Centrale n'est pas seulement la fin d'un chapitre pour une institution; c'est un avertissement, un signal d'alarme pour l'ensemble du secteur culturel. Il est impératif que les autorités, les acteurs culturels et le public se concertent pour protéger le tissu artistique et faire en sorte que de telles pertes, douloureuses et irréversibles, ne se reproduisent plus. La vitalité d'une ville se mesure aussi à la richesse de sa vie culturelle, et chaque fermeture laisse une cicatrice profonde dans son âme.