C'est avec une profonde tristesse que le monde de l'architecture et de la culture a appris ce vendredi 6 décembre 2025 le décès de Frank Gehry, l'une des figures les plus influentes et reconnaissables de l'architecture contemporaine. L'architecte américano-canadien, lauréat du prestigieux prix Pritzker, s'est éteint paisiblement ce matin dans sa résidence de Santa Monica, en Californie, à l'âge de 96 ans.
Maître du déconstructivisme, Frank Gehry a laissé une empreinte indélébile sur le paysage architectural mondial, avec des bâtiments qui défient les conventions, transformant les structures en de véritables œuvres d'art sculpturales. Ses créations, souvent audacieuses et avant-gardistes, ont façonné des skylines et revitalisé des villes, devenant des symboles culturels et des destinations touristiques à part entière.
L'homme derrière les formes déstructurées
Né Ephraim Owen Goldberg en 1929 à Toronto, au Canada, Frank Gehry a immigré aux États-Unis avec sa famille et a étudié à l'Université de Californie du Sud (USC) avant de poursuivre ses études de design urbain à l'Université Harvard. Il a fondé son cabinet, Gehry Partners LLP, en 1962, et a commencé à expérimenter des formes et des matériaux non conventionnels qui allaient devenir sa signature.
Au fil des décennies, son style s'est affirmé : des coques métalliques scintillantes, des angles impossibles, des surfaces ondulées et des volumes fragmentés. Loin de la rigidité moderniste, Gehry a insufflé une dynamique presque organique à ses bâtiments, les faisant vibrer sous la lumière et interagir avec leur environnement. Pour lui, l'architecture était une expression artistique, une exploration constante des possibilités formelles et matérielles.
Des icônes mondiales : de Bilbao à Paris
Parmi ses réalisations les plus emblématiques, plusieurs ont marqué l'histoire de l'architecture et l'imaginaire collectif :
- Le Musée Guggenheim de Bilbao, Espagne (1997) : Sans doute son œuvre la plus célèbre, inaugurée en 1997, il y a près de trois décennies. Ce chef-d'œuvre de titane et de verre a transformé une ville industrielle en un haut lieu culturel mondial, démontrant le pouvoir de l'architecture de revitaliser une économie et un esprit. C'est le fameux « effet Bilbao ».
- Le Walt Disney Concert Hall, Los Angeles, États-Unis (2003) : Finalisé en 2003, ce bâtiment est un hymne à la musique. Ses courbes audacieuses et ses surfaces en acier inoxydable brossé reflètent la lumière de Los Angeles et abritent une acoustique réputée, en faisant un joyau culturel pour la cité des anges.
- La Fondation Louis Vuitton, Paris, France (2014) : Ouverte au public en 2014, il y a onze ans, cette institution culturelle parisienne se présente comme un nuage de voiles de verre flottant dans le Jardin d'Acclimatation. Un dialogue spectaculaire entre la nature et l'art, prouvant la capacité de Gehry à s'intégrer dans des contextes historiques tout en y apportant une vision résolument contemporaine.
D'autres réalisations majeures jalonnent sa carrière, du Musée MARTa Herford en Allemagne (2005) à la 8 Spruce Street à New York (2011), en passant par le Experience Music Project (devenu MoPOP) à Seattle (2000), chacun témoignant de son génie et de son inventivité inépuisable.
Un Prix Pritzker et une influence durable
La reconnaissance de son travail fut immense. En 1989, il y a plus de trente-cinq ans, Frank Gehry a reçu le prix Pritzker d'architecture, l'une des plus hautes distinctions dans son domaine, saluant son approche singulière et son impact profond sur la discipline. Ce prix a solidifié son statut de pionnier et de visionnaire.
Son influence s'est étendue bien au-delà des cercles architecturaux. Gehry a prouvé que les bâtiments pouvaient être plus que de simples abris ; ils pouvaient être des catalyseurs de changement social, des emblèmes d'identité urbaine et des sources d'émerveillement pour des millions de personnes. Il a inspiré des générations d'architectes à penser différemment, à oser, et à remettre en question les dogmes établis.
Malgré les critiques occasionnelles concernant le coût élevé de ses projets ou leur décontextualisation perçue, l'œuvre de Gehry a toujours provoqué le débat et la réflexion, une marque indéniable d'un art qui dérange et interroge. Ses bâtiments sont souvent décrits comme des « sculptures habitables », brouillant les frontières entre l'art et l'architecture.
Hommages et héritage éternel
Dès l'annonce de son décès, les hommages ont commencé à affluer du monde entier. Des architectes de renom, des leaders culturels, des hommes politiques et des admirateurs anonymes ont exprimé leur tristesse face à la disparition de celui qui a été qualifié de « dernier des grands maîtres de l'architecture du XXe et XXIe siècle ».
« Frank Gehry a non seulement construit des bâtiments, il a construit des rêves », a déclaré un architecte contemporain. « Son courage de défier la gravité et la perception a laissé une marque indélébile. »
Son œuvre restera une source inépuisable d'étude, d'admiration et de débat. Les courbes audacieuses, les surfaces chatoyantes et l'approche profondément personnelle de Frank Gehry ont transformé la manière dont nous percevons et interagissons avec l'environnement bâti. Il a démontré que la beauté peut résider dans le désordre organisé, que la fonctionnalité peut s'épanouir dans la fantaisie, et que l'imagination n'a pas de limites.
Bien que Frank Gehry ait tiré sa révérence ce 6 décembre 2025, son empreinte indélébile sur notre environnement bâti et notre imaginaire collectif est éternelle. Le sculpteur des villes laisse derrière lui un héritage de courbes audacieuses, de surfaces scintillantes et de défis audacieux aux conventions, qui continueront d'inspirer pour les siècles à venir, rappelant que l'architecture est, avant tout, un art d'humanité et de vision.