Une icône s'éteint : Roger Laboureur, l'âme du sport belge
C'est avec une profonde tristesse que la Belgique a appris, ce dimanche 14 décembre 2025, le décès de Roger Laboureur. À l'âge respectable de 90 ans, l'homme dont la voix inoubliable a accompagné des générations de Belges à travers les exploits et les drames du sport mondial, a tiré sa révérence. L'annonce, relayée notamment par Le Soir, a instantanément plongé le pays dans une émotion palpable, rappelant à chacun l'empreinte indélébile laissée par ce géant du journalisme sportif.
Roger Laboureur n'était pas qu'un simple commentateur ; il était un ami fidèle du salon, un conteur passionné dont la diction claire et l'érudition sportive ont façonné la perception du sport en Belgique francophone pendant des décennies. Son départ marque la fin d'une époque, celle d'une voix qui, même après sa retraite, continuait de résonner dans la mémoire collective.
Des débuts à l'apogée : une carrière dédiée au ballon rond et bien au-delà
Né en 1935, Roger Laboureur a commencé sa carrière à une époque où la télévision était encore un média en pleine construction. Il a rejoint la RTB, future RTBF, dans les années 1960, et a rapidement gravi les é échelons grâce à son talent inné pour la narration et sa connaissance encyclopédique du sport. Sa voix, reconnaissable entre mille, est vite devenue le fil conducteur des grandes messes sportives.
De l'effervescence du terrain de football aux virages exigeants du Tour de France, en passant par la grandeur des pistes olympiques, Laboureur a couvert une incroyable diversité d'événements. Il a vécu le sport avec une intensité rare, et son enthousiasme communicatif était une source d'inspiration pour ses collègues et une délectation pour le public.
L'héritage télévisuel : de 'Lundi Sport' au 'Weekend Sportif'
Si Roger Laboureur est devenu une figure emblématique de la RTBF, c'est en grande partie grâce à son rôle central dans des émissions cultes comme Lundi Sport et, plus tard, Weekend Sportif. Ces rendez-vous hebdomadaires étaient bien plus que de simples émissions de résumés ; ils étaient des rituels immuables qui ponctuaient la vie des familles belges.
- Lundi Sport : Pendant des années, cette émission était le point de rencontre incontournable pour décrypter les résultats et les performances du week-end. Avec Roger Laboureur aux commandes, l'analyse était fine, les débats pertinents et l'ambiance toujours empreinte de respect pour le sport et ses acteurs.
- Weekend Sportif : Reprenant le flambeau avec la même passion, cette émission a consolidé son statut de voix du sport belge. Sa capacité à commenter un match de football avec la même rigueur qu'une étape de montagne ou une épreuve d'athlétisme démontrait sa polyvalence et son engagement total.
Son professionnalisme était légendaire. Toujours préparé, toujours précis, il avait le don de rendre chaque rencontre palpitante, chaque action mémorable, même pour les non-initiés. Il ne se contentait pas de relater les faits ; il les habillait d'un contexte, d'une émotion qui captivait l'auditoire.
Des événements mondiaux gravés dans la mémoire collective
La carrière de Roger Laboureur a été jalonnée par la couverture des plus grands événements sportifs de la planète. Son passeport de journaliste a été tamponné aux quatre coins du globe, témoignant d'une vie dédiée à l'information et à la passion du jeu. Les chiffres parlent d'eux-mêmes :
- Huit Coupes du Monde de football : Du Mexique 1970 (sa première grande compétition internationale pour la RTBF, un an après avoir fêté ses 35 ans) à la France 1998, voire au-delà, il a été le témoin privilégié de l'évolution du football mondial. Il a vibré avec les Diables Rouges lors de leurs campagnes glorieuses, et a su transmettre cette ferveur aux téléspectateurs belges. Ses analyses des tactiques, des stars montantes et des moments décisifs sont restées gravées.
- Cinq Jeux olympiques : De l'émerveillement des cérémonies d'ouverture aux larmes des médaillés, il a su rendre la grandeur des Jeux. Qu'il s'agisse d'athlétisme, de natation ou de gymnastique, sa voix portait la majesté de l'effort humain et la quête de l'excellence.
- D'innombrables Tours de France : Le Tour était sans doute l'une de ses passions les plus profondes. Il a couvert les époques des Merckx, Hinault, Lemond, Indurain, racontant les cols mythiques, les échappées héroïques et le courage des coureurs. Pour beaucoup de Belges, le son de sa voix commentant le Tour était indissociable des après-midis d'été, un rite quasi sacré.
Ces grands rendez-vous ne sont que la pointe de l'iceberg d'une carrière riche, où chaque week-end était l'occasion de partager sa passion pour le sport avec des millions de téléspectateurs. Il avait cette capacité unique à rendre l'exploit accessible, le drame supportable et la joie contagieuse.
Un style inimitable et une voix éternelle
Ce qui distinguait Roger Laboureur, au-delà de sa connaissance, c'était son style. Sa voix, grave et posée, était d'une clarté exemplaire, sans jamais tomber dans la grandiloquence excessive. Il savait monter en intensité au moment opportun, mais toujours avec une maîtrise parfaite. Son vocabulaire était riche et précis, évitant les clichés pour mieux décrire l'action.
Il était l'incarnation d'un journalisme sportif respectueux, où l'analyse prévalait sur la polémique, et où l'intégrité était la valeur cardinale. Sa bienveillance envers les athlètes, même dans la défaite, et son admiration sincère pour leurs performances ont forgé une relation de confiance avec le public. Il était un passeur d'émotions, un guide fiable à travers la complexité du monde sportif.
Un héritage au-delà de l'antenne
Bien après sa retraite (intervenue au début des années 2000, après plus de quarante ans de bons et loyaux services), l'influence de Roger Laboureur a perduré. Il a été un mentor, direct ou indirect, pour de nombreux journalistes sportifs qui ont suivi ses pas. Son éthique de travail, son intégrité et sa passion ont défini une norme pour le journalisme sportif belge.
Les hommages affluent déjà de toutes parts en ce lundi 15 décembre 2025. Des figures du sport, des politiques, des artistes et, bien sûr, le grand public, saluent unanimement la mémoire de cet homme qui a tant donné au pays. La RTBF, sa maison pendant tant d'années, a exprimé sa profonde tristesse, rappelant à quel point il a contribué à forger l'identité de sa chaîne sportive.
La disparition de Roger Laboureur laisse un vide immense. Mais sa voix, empreinte de passion, de rigueur et d'humanité, continuera de résonner. Elle est à jamais associée aux plus beaux souvenirs du sport belge, un patrimoine immatériel qu'il nous a légué. Roger Laboureur ne sera pas oublié ; il restera la voix éternelle du sport, ancrée dans le cœur de la Belgique.