samedi 6 décembre 2025
Jafar Panahi : La Palme d'Or 2025 éclipsée par une nouvelle condamnation à la prison en Iran
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Jafar Panahi : La Palme d'Or 2025 éclipsée par une nouvelle condamnation à la prison en Iran

Le cinéaste iranien Jafar Panahi, couronné de la prestigieuse Palme d'Or 2025 au Festival de Cannes pour son film 'Un simple accident', vient d'être condamné à un an de prison. Cette sentence marque une nouvelle escalade dans la répression dont est victime l'une des figures les plus emblématiques et résilientes du cinéma iranien.

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Jafar Panahi : La Palme d'Or 2025 éclipsée par une nouvelle condamnation à la prison en Iran

TEHERAN/CANNES – Le monde du cinéma est en émoi. À peine quelques mois après avoir célébré le triomphe artistique de Jafar Panahi, le réalisateur iranien de 65 ans, à l'occasion de la 78e édition du Festival de Cannes, une nouvelle tragédie vient frapper cet artiste incontournable. L'homme derrière le film primé Un simple accident, récipiendaire de la Palme d'Or 2025, a été condamné à un an de prison, selon des informations rapportées par la RTBF et confirmées par des sources proches du cinéaste.

Cette annonce, brutale et inattendue pour beaucoup, jette une ombre sombre sur une carrière déjà marquée par la persécution. Le timing est d'autant plus cruel qu'elle intervient alors que l'écho de sa distinction cannoise résonne encore à travers le globe, saluant un talent indomptable qui, malgré des années d'interdiction de tournage et de voyage, continue de créer des œuvres d'une profondeur saisissante.

Un triomphe éphémère face à la répression persistante

En mai dernier, le réalisateur iranien avait conquis la Croisette avec Un simple accident. Le film, dont les détails précis restent encore confidentiels en raison des risques encourus par sa production et sa distribution, avait été salué par la critique internationale comme un chef-d'œuvre de subtilité, de résilience et de critique sociale. La Palme d'Or, décernée à l'unanimité du jury, avait été perçue comme un message fort de la communauté internationale en faveur de la liberté d'expression et de l'art face à l'oppression.

Cependant, ce moment de gloire semble n'avoir été qu'une parenthèse, une lueur dans la longue nuit que traversent les artistes en Iran. Pour Jafar Panahi, cette condamnation n'est malheureusement pas un événement isolé, mais le dernier chapitre d'une saga douloureuse qui dure depuis plus d'une décennie.

Un parcours artistique jalonné d'obstacles

Jafar Panahi est une figure emblématique de la Nouvelle Vague du cinéma iranien, un mouvement caractérisé par une approche réaliste, poétique et souvent critique de la société. Ses œuvres, telles que Le Cercle (Lion d'Or à Venise en 2000) ou Hors Jeu (Ours d'Argent à Berlin en 2006), ont toujours été porteuses d'un message humaniste et dénonciateur des injustices sociales et des restrictions de liberté en Iran. C'est cette intégrité artistique et politique qui lui a valu l'admiration du monde entier, mais aussi l'acharnement des autorités de son pays.

Dès 2010, sa carrière prend un tournant dramatique. Accusé de « propagande contre le régime », il est arrêté, détenu, puis condamné à six ans de prison, à 20 ans d'interdiction de réaliser des films, d'écrire des scénarios, de quitter le pays et même de s'exprimer dans les médias. Une sentence d'une cruauté inouïe qui visait à le réduire au silence et à briser son élan créatif.

Pourtant, Panahi n'a jamais cédé. Avec une ingéniosité et un courage rares, il a continué à filmer, défiant les interdits avec des œuvres clandestines, souvent tournées dans des conditions précaires, mais toujours d'une qualité artistique irréprochable. Parmi elles :

  • Ceci n'est pas un film (2011), un journal filmé de sa vie sous assignation à résidence, présenté à Cannes.
  • Rideau (2013), coréalisé avec Kambuzia Partovi, Ours d'Argent du meilleur scénario à la Berlinale.
  • Taxi Téhéran (2015), Ours d'Or à Berlin, un film audacieux où il se met en scène comme chauffeur de taxi discutant avec ses passagers.
  • Trois Visages (2018), Prix du scénario à Cannes, un road-movie subtil explorant la condition des femmes artistes en Iran.

Chacun de ces films, réalisé dans l'ombre et souvent sorti clandestinement, est devenu un acte de résistance, un témoignage vibrant de la persévérance artistique face à la censure. La Palme d'Or 2025 pour Un simple accident s'inscrivait dans cette lignée, couronnant des décennies d'un engagement inébranlable pour la liberté de création.

Les motifs de la nouvelle condamnation

La nouvelle condamnation à un an de prison intervient dans un contexte de durcissement des autorités iraniennes à l'égard de toute forme de dissidence, qu'elle soit politique, sociale ou artistique. Bien que les détails précis de la sentence et les chefs d'accusation n'aient pas été rendus publics par les canaux officiels iraniens au moment de la rédaction de cet article, il est fort probable que cette mesure s'inscrive dans la continuité des accusations de « propagande contre le système » ou « atteinte à la sécurité nationale » qui sont fréquemment utilisées pour museler les voix critiques.

Il est à noter que Panahi a souvent été arrêté ou interpellé ces dernières années, notamment en juillet 2022, où il avait été emprisonné pour purger une peine de six ans prononcée en 2010, avant d'être libéré sous caution début 2023. Cette nouvelle peine, après seulement quelques mois de liberté relative, témoigne d'une volonté manifeste des autorités de maintenir une pression constante sur le réalisateur.

Réactions internationales et implications

La nouvelle de cette condamnation a déjà commencé à provoquer une vague d'indignation et d'inquiétude au sein de la communauté internationale. Le Festival de Cannes, les grandes institutions cinématographiques et les organisations de défense des droits de l'Homme devraient rapidement réagir, exigeant la libération immédiate et inconditionnelle de Jafar Panahi.

« C'est un affront à la liberté d'expression et à l'art, » a déclaré un éminent critique de cinéma, sous couvert d'anonymat, craignant des répercussions pour ses confrères en Iran. « Panahi est une icône. Le priver de sa liberté, juste après un tel honneur, est une provocation inacceptable. »

Cette situation met en lumière la fragilité de la position des artistes et intellectuels en Iran, contraints de naviguer entre reconnaissance internationale et répression intérieure. La persécution de Panahi est emblématique d'une lutte plus large pour les droits civiques et la liberté créative dans le pays.

Un appel à la solidarité

La communauté cinématographique mondiale se trouve une fois de plus face à un dilemme : comment soutenir un artiste célébré et persécuté sans aggraver sa situation ? Au-delà des condamnations officielles, c'est un appel à la solidarité qui émerge, invitant à ne pas laisser le nom de Jafar Panahi tomber dans l'oubli, mais à le faire résonner comme un symbole de la résistance artistique.

L'incarcération d'un lauréat de la Palme d'Or, prix suprême du cinéma, envoie un message glaçant à tous les créateurs du monde, rappelant que l'art, en particulier celui qui ose questionner, reste un terrain de bataille dans de nombreuses régions du globe. EuroMK News continuera de suivre cette affaire avec la plus grande attention, espérant que la pression internationale pourra, une fois de plus, faire fléchir la justice iranienne et rendre à Jafar Panahi sa liberté et, surtout, sa voix.

Photo by Joshua Sortino on Unsplash

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