Bruxelles, Belgique – 6 décembre 2025 – Tandis que les fêtes de fin d'année approchent, Solidaris, l'une des principales mutualités du pays, réitère avec force une problématique sociale et de santé publique lancinante : l'accès aux soins de santé en Belgique reste profondément inégalitaire, fortement conditionné par la localisation géographique des patients. Des constats déjà alarmants il y a quelques années, notamment relayés par la RTBF en leur temps, se sont malheureusement amplifiés ou maintenus en cette fin d'année 2025, soulignant l'urgence d'une action politique concertée.
Un coût variable selon le code postal et le statut du prestataire
Le cœur du problème réside dans un double facteur : le lieu de résidence du patient et le statut de conventionnement des professionnels de la santé dans la région concernée. En Belgique, les médecins et autres prestataires de soins peuvent être « conventionnés » (c'est-à-dire qu'ils s'engagent à respecter les tarifs fixés par l'Inami, l'Institut National d'Assurance Maladie-Invalidité), « partiellement conventionnés » ou « non conventionnés » (libres de fixer leurs honoraires). Si le principe de la liberté tarifaire est reconnu, sa répartition inégale sur le territoire crée des gouffres financiers pour les patients.
« Imaginez devoir choisir entre payer son loyer et consulter un spécialiste pour un problème de santé urgent, juste parce que le seul médecin disponible dans votre zone géographique pratique des tarifs exorbitants », s'indigne Paul Lefebvre, porte-parole de Solidaris, lors d'une conférence de presse virtuelle tenue ce jeudi. « C'est la réalité de milliers de familles belges en décembre 2025. »
L'impact dévastateur sur les populations vulnérables
Cette fluctuation des coûts a des répercussions directes et souvent dramatiques sur l'égalité d'accès aux soins, affectant en priorité les ménages à faibles revenus, les personnes âgées, les familles monoparentales et celles souffrant de maladies chroniques. Pour ces populations, un dépassement d'honoraires, même de quelques dizaines d'euros, peut représenter un obstacle infranchissable, conduisant à des renoncements aux soins essentiels. Les conséquences sont multiples :
- Retard de diagnostic et de traitement : Les patients reportent les consultations, laissant des pathologies s'aggraver.
- Aggravation de l'état de santé : Des maladies bénignes peuvent devenir chroniques ou plus complexes à traiter.
- Surcharge des services d'urgence : Faute d'accès à la médecine de première ligne ou spécialisée, les patients se tournent vers les urgences, alourdissant un système déjà sous tension.
- Augmentation des inégalités sociales : La santé devient un marqueur supplémentaire de la précarité, accentuant le fossé entre les nantis et les démunis.
Les 'déserts médicaux' et zones à forte concentration de non-conventionnés
Si la problématique du conventionnement est nationale, elle se manifeste avec une acuité particulière dans certaines régions. Solidaris pointe du doigt des zones spécifiques où la proportion de prestataires non conventionnés est significativement plus élevée, ou bien où les professionnels de la santé sont tout simplement trop peu nombreux, créant de véritables « déserts médicaux ».
Traditionnellement, certaines provinces wallonnes rurales ou des quartiers de grandes villes comme Bruxelles sont plus durement touchées. Dans ces zones, trouver un dentiste, un ophtalmologue, un gynécologue ou même un médecin généraliste conventionné relève parfois du parcours du combattant. Les raisons sont diverses : vieillissement de la population médicale, manque d'attractivité de certaines régions, coûts d'installation élevés dans d'autres, ou encore des choix de carrière privilégiant une pratique à honoraires libres pour compenser les charges.
« Nous observons depuis plusieurs années, et les données de 2025 le confirment, que les 'zones critiques' ne se résorbent pas. Au contraire, pour certaines spécialités comme la pédopsychiatrie ou la dentisterie, la situation semble même s'être détériorée », ajoute Paul Lefebvre. « Cela conduit à des délais d'attente inacceptables ou à des kilomètres à parcourir, sans garantie d'un tarif abordable à l'arrivée. »
Appels à l'action et réformes en cours pour 2025-2026
Face à ce constat persistant, Solidaris n'est pas la seule à demander des mesures concrètes. De nombreux acteurs du secteur de la santé, des associations de patients et des universitaires appellent à une refonte structurelle. Plusieurs pistes de réflexion et d'action sont actuellement sur la table du gouvernement fédéral et des entités fédérées en cette fin d'année 2025 :
- Incitatifs au conventionnement : Renforcer les avantages financiers pour les médecins qui choisissent d'être conventionnés, en particulier dans les zones sous-dotées.
- Amélioration de la répartition géographique : Mettre en place des bourses d'études pour les futurs médecins s'engageant à exercer dans des régions en pénurie, ou soutenir l'installation dans ces zones.
- Renforcement de la première ligne de soins : Développer les maisons médicales et les centres de santé intégrés, qui garantissent un accès à des soins conventionnés et pluridisciplinaires.
- Transparence des honoraires : Mieux informer les patients sur le statut de conventionnement des prestataires et les coûts potentiels avant la consultation.
- Révision de la nomenclature : Adapter les tarifs conventionnés pour qu'ils reflètent mieux les coûts réels de la pratique et soient attractifs pour les professionnels.
Le Ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, a d'ailleurs souligné à plusieurs reprises en 2025 l'importance de ces enjeux, avec des discussions actives au sein du KCE (Centre fédéral d'expertise des soins de santé) et de l'Inami pour affiner les propositions. Des budgets supplémentaires ont été alloués pour certains projets pilotes visant à soutenir la médecine générale et l'accès aux soins psychologiques, mais leur impact sur les inégalités géographiques reste à évaluer à plus grande échelle.
Vers une égalité d'accès pour tous ?
L'enjeu est de taille : il s'agit de garantir que la santé ne soit pas un luxe mais un droit fondamental, accessible à tous les citoyens belges, quel que soit leur lieu de résidence ou leur revenu. Les constats de Solidaris en cette fin d'année 2025 ne sont pas nouveaux, mais ils rappellent avec urgence que des efforts substantiels doivent encore être déployés.
La période actuelle, marquée par des tensions économiques et sociales, rend cette question d'autant plus cruciale. Un système de santé solidaire et équitable est un pilier essentiel de la cohésion sociale. Il est impératif que les décideurs politiques prennent des mesures audacieuses et structurelles pour que les inégalités géographiques en matière d'accès à la santé ne soient plus une réalité persistante en Belgique pour l'année 2026 et au-delà.