samedi 6 décembre 2025
Fédération Wallonie-Bruxelles : la colère des enseignants explose, Margaux et Romina symboles d'une profession en péril
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Fédération Wallonie-Bruxelles : la colère des enseignants explose, Margaux et Romina symboles d'une profession en péril

À l'aube d'un vote crucial le 17 décembre 2025, le monde de l'enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles est en ébullition. Face à des réformes jugées drastiques et menaçantes, des milliers de professeurs, à l'image de Margaux et Romina, craignent pour leur avenir, dénonçant un 'mensonge' derrière les promesses de stabilité.

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EuroMK News
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BRUXELLES, BELGIQUE – Le 5 décembre 2025. Le compte à rebours est lancé. Dans moins de deux semaines, le 17 décembre précisément, des décisions capitales pour l'avenir de l'enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) seront soumises au vote. Mais à l'approche de cette échéance, l'atmosphère est lourde de tension et de colère au sein du corps professoral. Partout dans le pays, les enseignants s'insurgent contre des mesures annoncées qui, selon eux, menacent non seulement leurs conditions de travail, mais aussi la qualité de l'éducation et, pour beaucoup, leur emploi même.

Le cri d'alarme est unanime : « Pas de perte d'emploi ? Mensonges. Avec les mesures, on n'a plus de boulot l'an prochain ». Cette phrase, relayée notamment par les colonnes de DHnet, résonne comme un mantra amer dans les salles des professeurs et les manifestations qui se multiplient. Derrière ce sentiment d'abandon et de trahison, se cachent des figures emblématiques de cette lutte, comme Margaux et Romina, dont le destin professionnel est aujourd'hui suspendu à des réformes perçues comme dévastatrices.

Des réformes en cascade, une profession sous pression

Les mesures contestées par les syndicats et les collectifs d'enseignants sont multiples et touchent à des piliers fondamentaux de la carrière professorale, ainsi qu'à l'organisation même de l'enseignement. Elles dessinent un paysage préoccupant pour les années à venir.

1. Pensions diminuées et travail jusqu'à 67 ans : l'allongement d'une carrière précaire

L'une des premières pierres d'achoppement concerne la réforme des pensions. Non seulement l'âge de la retraite serait repoussé à 67 ans pour les nouveaux entrants, et progressivement pour les enseignants actuellement en milieu de carrière, mais le calcul des pensions verrait également une diminution significative. Pour une profession déjà souvent confrontée à l'épuisement professionnel et à des salaires jugés insuffisants au regard des responsabilités, cette perspective est vécue comme une double peine. « C'est une insulte à l'engagement d'une vie », confie un enseignant de près de 20 ans d'expérience. « Nous donnons tellement, pour qu'au final, notre avenir soit si peu assuré. »

2. La fin de la statutarisation et le basculement vers le CDI : une sécurité illusoire ?

C'est sans doute la mesure la plus emblématique et la plus controversée : la fin progressive de la statutarisation pour les nouvelles recrues, au profit de Contrats à Durée Indéterminée (CDI). Jusqu'à présent, le statut de fonctionnaire offrait une sécurité de l'emploi et une indépendance perçues comme essentielles à la mission éducative. La substitution par des CDI est présentée par la FWB comme une modernisation et une flexibilisation. Cependant, pour les enseignants, la réalité est tout autre :

  • Moins de protection : Un CDI, bien que 'indéterminé', offre une protection perçue comme moindre en cas de réorganisation ou de fermeture de sections, comparé à la fonction publique.
  • Un marché de l'emploi précaire : Les enseignants craignent une généralisation de la précarité, surtout pour les jeunes diplômés qui débutent souvent avec des contrats à durée déterminée, rendant l'accès à un 'vrai' CDI difficile et l'insertion professionnelle plus incertaine.
  • Margaux et Romina : les visages de l'incertitude : C'est ici que l'inquiétude de Margaux et Romina prend tout son sens. Margaux, jeune professeure d'anglais avec quelques années d'ancienneté, voit son statut actuel comme une épée de Damoclès. « J'ai cru que j'allais enfin avoir un peu de stabilité. Maintenant, avec la fin de la statutarisation, je me demande si mon poste existera encore l'an prochain. On nous dit 'pas de perte d'emploi', mais comment être sûr qu'un CDI ne sera pas rompu au moindre prétexte ? » Romina, elle, enseigne les arts plastiques dans une école secondaire. Elle est actuellement sous un statut précaire, espérant depuis des années une nomination. « Ces mesures me coupent l'herbe sous le pied. La nomination était mon objectif, ma garantie. Maintenant, je n'aurai droit qu'à un CDI, et qui me dit que je ne me retrouverai pas avec des heures réduites ou sans affectation si mon option ferme ? » Leur témoignage illustre une peur palpable de se retrouver sans emploi du jour au lendemain, ou avec des conditions de travail dégradées.

3. Flou dans les options de 3e secondaire : une rentrée 2026 sous le signe du chaos ?

Au-delà des carrières, c'est l'organisation pédagogique elle-même qui est remise en question. Le manque de clarté concernant les options de 3e secondaire est une source majeure d'inquiétude pour la rentrée 2026. Les écoles et les équipes pédagogiques sont dans le flou le plus total quant aux grilles horaires, aux programmes et aux orientations à proposer aux élèves. Ce manque de visibilité rend la planification impossible et crée une anxiété généralisée chez les directeurs et les enseignants.

4. Le tronc commun toujours pas défini pour la rentrée 2026 : l'urgence ignorée

La réforme du tronc commun, censée harmoniser et moderniser l'enseignement, devait être pleinement opérationnelle pour la rentrée de septembre 2026. Or, à moins de neuf mois de cette échéance cruciale, les contours précis de ce tronc commun restent désespérément vagues. Cette indéfinition, jugée « irresponsable » par de nombreux acteurs, met les écoles sous une pression insoutenable, les empêchant de préparer adéquatement les programmes, de former leurs enseignants et d'informer les élèves et leurs parents. C'est toute une rentrée scolaire qui est hypothéquée.

La FWB face à une grogne inédite

La Fédération Wallonie-Bruxelles affirme que ces réformes sont nécessaires pour moderniser le système éducatif, le rendre plus équitable et assurer sa viabilité financière à long terme. Elle soutient qu'aucune perte d'emploi ne serait directement liée à ces mesures, mais les chiffres et les projections des syndicats dressent un tableau bien différent. Les enseignants craignent une diminution indirecte du nombre de postes due aux réorganisations, à la mutualisation des ressources et à l'incitation à des départs anticipés moins coûteux pour les autorités.

Les syndicats appellent à la mobilisation générale. Des manifestations sont prévues dans les prochains jours, avec l'espoir de faire plier les décideurs avant le vote décisif du 17 décembre. La solidarité entre les enseignants, des jeunes aux plus expérimentés, semble plus forte que jamais. « C'est tout le système qui craque », alerte un représentant syndical. « Nous ne demandons pas des privilèges, nous demandons le respect de notre profession et la garantie d'un enseignement de qualité pour nos élèves. »

Un avenir incertain pour l'éducation belge

L'enjeu va bien au-delà des conditions de travail des enseignants. C'est l'attractivité même de la profession qui est menacée. Qui voudra se lancer dans une carrière incertaine, mal rémunérée et sans la sécurité d'emploi qui était autrefois son principal atout ? Le risque est de voir s'aggraver la pénurie d'enseignants, déjà préoccupante, et d'affecter durablement la qualité de l'enseignement dispensé aux futures générations.

Alors que les jours qui nous séparent du 17 décembre s'écoulent, la pression monte sur les bancs de la FWB. La colère des enseignants, incarnée par les inquiétudes de Margaux et Romina, n'est pas un simple mouvement d'humeur, mais le reflet d'une profonde anxiété quant à l'avenir de leur métier et, par extension, de l'éducation en Fédération Wallonie-Bruxelles. La balle est désormais dans le camp des décideurs politiques, qui devront peser le poids de ces réformes face à la mobilisation d'une profession essentielle à la société.

Photo by Norbu GYACHUNG on Unsplash

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