Le Contexte d'une Alerte Majeure : Greenpeace sonne l'alarme en 2025
BRUXELLES, ce 3 décembre 2025 – L'horizon de la transition énergétique en Belgique, et par extension en Europe, s'assombrit selon un récent rapport de Greenpeace. L'organisation environnementale a tiré la sonnette d'alarme ce début décembre, révélant une chute alarmante des investissements consentis par les fournisseurs d'énergie actifs dans le pays pour le développement des énergies renouvelables. Cette dénonciation intervient à un moment crucial, alors que les échéances climatiques de 2030 et 2050 se rapprochent à grands pas, et que la sécurité énergétique demeure une préoccupation majeure.
Le rapport de Greenpeace, relayé notamment par la RTBF et d'autres médias nationaux, met en lumière une inversion de tendance particulièrement inquiétante. Alors que le pays s'efforçait de réduire sa dépendance aux énergies fossiles et de verdir son mix énergétique, les données actuelles peignent un tableau de stagnation, voire de régression, qui contraste fortement avec les espoirs fondés il y a quelques années.
Un Recul Saisissant : L'Âge d'Or de 2020 semble lointain
L'alerte de Greenpeace prend tout son sens lorsque l'on la replace dans son contexte historique. Il y a cinq ans, en 2020, les fournisseurs d'énergie opérant sur le territoire national affichaient des performances encourageantes. Ils déclaraient alors avoir installé environ 1662 gigawattheures (GWh) de capacité supplémentaire – ou plutôt de rendement attendu – en énergies solaires et éoliennes au cours des deux années précédentes (2018-2019). Ce chiffre représentait un effort notable et témoignait d'une dynamique positive, portée par un cadre réglementaire favorable et une prise de conscience accrue des enjeux climatiques.
« Ces chiffres de 2020, que nous avions salués à l'époque, sont malheureusement devenus un lointain souvenir », déclare Jean-Pascal Van Ypersele, porte-parole de Greenpeace Belgique, lors d'une conférence de presse à Bruxelles ce mardi. « Ce que nous observons depuis, et de manière alarmante sur les années 2023-2025, est une véritable chute libre des nouveaux investissements. Les fournisseurs ne semblent plus être au rendez-vous de l'urgence climatique, et c'est le pays tout entier qui en paiera le prix. »
Des Chiffres Inquiétants pour 2023-2025
Si Greenpeace ne fournit pas encore les chiffres précis de la régression des capacités installées pour la période 2023-2025 – le rapport complet étant attendu plus tard dans le mois – l'organisation affirme que le taux d'ajout de nouvelles capacités a diminué de manière drastique, atteignant un creux jamais observé depuis une décennie. Les projets en attente de financement ou d'approbation s'accumuleraient, et la confiance des investisseurs dans le secteur des renouvelables serait en baisse, malgré un besoin criant.
Ce ralentissement intervient alors que l'Europe est confrontée à des défis énergétiques sans précédent, accentués par la géopolitique et la nécessité impérieuse de décarboner nos économies. Le non-respect des objectifs nationaux en matière d'énergies renouvelables pourrait non seulement entraîner des sanctions européennes, mais aussi compromettre la sécurité d'approvisionnement et la compétitivité industrielle.
Les Causes d'un Essoufflement : Incertitudes et Obstacles
Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette désaffection des fournisseurs d'énergie pour les investissements dans le solaire et l'éolien, selon les analyses de Greenpeace et de nombreux experts du secteur que EuroMK News a pu consulter. Parmi les raisons les plus citées figurent :
- L'incertitude réglementaire : Un cadre politique et légal instable ou des changements fréquents dans les mécanismes de soutien aux renouvelables peuvent décourager les investisseurs, qui ont besoin de visibilité à long terme.
- Les lenteurs administratives : Les délais d'obtention de permis pour de nouveaux projets éoliens ou solaires peuvent être excessivement longs et complexes, freinant l'enthousiasme des développeurs.
- Les défis d'intégration au réseau : L'infrastructure du réseau électrique n'est pas toujours prête à accueillir une part toujours croissante d'énergies intermittentes, nécessitant des investissements massifs qui peuvent être retardés.
- La pression économique : Face à un environnement macro-économique fluctuant, les fournisseurs pourraient être tentés de privilégier des investissements à rendement plus rapide ou moins risqués, au détriment du long terme des renouvelables.
- Un manque de vision stratégique : L'absence d'une feuille de route claire et ambitieuse de la part des autorités publiques pourrait entraîner un manque de dynamisme et d'engagement de la part des acteurs privés.
« Nous avons l'impression que le vent a tourné, et pas dans le bon sens », commente un analyste énergétique sous couvert d'anonymat. « Après l'élan de 2018-2019, la crise sanitaire et les crises énergétiques successives auraient dû accélérer la transition. Au lieu de cela, nous voyons une forme de paralysie, où l'urgence est reconnue mais les actions concrètes font défaut. »
Réactions et Perspectives : Un Appel à la Mobilisation
Face aux accusations de Greenpeace, la réaction des fournisseurs d'énergie est mitigée. Certains évoquent les difficultés inhérentes au développement de grands projets, les contraintes technologiques ou les réticences locales. D'autres rappellent les investissements déjà réalisés et les efforts constants pour décarboner leurs activités, soulignant la complexité de l'équation énergétique.
Du côté des autorités, le gouvernement fédéral et les régions sont appelés à réagir. L'objectif de neutralité carbone d'ici 2050 ne pourra être atteint sans une accélération significative des investissements dans les renouvelables. Greenpeace exhorte les décideurs politiques à mettre en place un cadre plus stable, des procédures simplifiées et des incitations financières robustes pour relancer la machine.
« Il est temps d'agir, et non de reculer », insiste Jean-Pascal Van Ypersele. « Nous demandons aux fournisseurs d'énergie d'assumer leurs responsabilités et aux gouvernements de créer un environnement propice à un boom des énergies renouvelables. Sans cela, nous raterons collectivement nos objectifs et condamnerons les générations futures à des conséquences climatiques irréversibles. »
Conclusion : L'Urgence d'une Relance
L'alerte lancée par Greenpeace en ce mois de décembre 2025 résonne comme un rappel brutal de la fragilité de la transition énergétique. Après une période de croissance prometteuse, le pays semble marquer le pas, mettant en péril non seulement ses engagements climatiques, mais aussi sa résilience face aux chocs énergétiques mondiaux. La balle est désormais dans le camp des fournisseurs d'énergie et des responsables politiques pour inverser cette tendance et redonner un souffle nouveau aux investissements dans les renouvelables, avant qu'il ne soit trop tard.