Bruxelles, Belgique – Le climat social dans le secteur vital de la chimie et des sciences de la vie s'est subitement éclairci ce jeudi 4 décembre 2025. Après des semaines de négociations tendues et un préavis de grève qui planait comme une épée de Damoclès, les organisations syndicales et la fédération patronale Essenscia ont trouvé un accord, évitant ainsi une paralysie économique de dernière minute.
L'annonce a été faite aux premières heures de la journée, confirmant la suspension des actions de grève qui devaient débuter dès ce vendredi 5 décembre. «Nous avons conclu un accord, nous suspendons donc le préavis de grève et les actions prévues vendredi», a déclaré Koen De Kinder, secrétaire national du syndicat chrétien ACVBIE (membre de la CSC), cité par notre confrère la RTBF. Il a également précisé que la prochaine étape consistera à informer les membres des syndicats et à solliciter leur mandat pour la signature formelle de l'accord sectoriel.
Des semaines de tensions pour un secteur stratégique
Le secteur de la chimie, des plastiques et des sciences de la vie représente un pilier majeur de l'économie belge. Avec des dizaines de milliers d'emplois directs et indirects, et une contribution significative au PIB, toute perturbation majeure aurait eu des répercussions en cascade, non seulement pour les entreprises concernées mais aussi pour les chaînes d'approvisionnement nationales et européennes.
Les négociations pour la période 2025-2026 avaient débuté dans un contexte économique complexe. Après une période d'inflation élevée en 2022 et 2023, qui avait érodé le pouvoir d'achat des ménages, et face à une reprise économique modérée mais incertaine en 2024-2025, les attentes des travailleurs étaient fortes. Les syndicats (ACVBIE/CSC, FGTB Chimie, CGSLB) réclamaient des augmentations salariales substantielles, des garanties en matière de pouvoir d'achat, et l'amélioration de diverses conditions de travail.
Essenscia, la fédération de l'industrie chimique et des sciences de la vie, avait de son côté mis en avant les défis auxquels le secteur est confronté : la concurrence internationale accrue, les coûts énergétiques toujours volatils malgré une légère stabilisation en 2024, les investissements massifs nécessaires pour la transition durable et numérique, et la nécessité de maintenir la compétitivité des entreprises belges. La loi de 1996 sur la préservation de la compétitivité, qui encadre les négociations salariales en Belgique, avait également été au cœur des débats, les syndicats cherchant à optimiser la marge de manœuvre.
Les détails d'un compromis salué
Bien que les détails exacts de l'accord n'aient pas encore été rendus publics dans l'attente de la consultation des membres, plusieurs sources proches des négociations évoquent un compromis équilibré. L'accord prévoirait des mesures significatives pour le pouvoir d'achat des travailleurs, potentiellement sous forme d'augmentations salariales conventionnelles, de primes uniques ou de chèques consommation, afin de compenser les pressions inflationnistes passées et futures. Des améliorations sur les conditions de travail, telles que des dispositions relatives au télétravail, à la formation continue et à l'équilibre vie professionnelle/vie privée, seraient également incluses.
Pour la fédération Essenscia, cet accord représente une période de stabilité sociale bienvenue, permettant aux entreprises de se concentrer sur l'innovation et la production sans craindre de perturbations majeures. Il est crucial que ce secteur, souvent à la pointe de la recherche et du développement, puisse opérer dans un environnement prévisible.
L'importance du dialogue social à la belge
Cet épilogue heureux souligne une fois de plus la résilience du modèle de dialogue social belge. Malgré des positions initialement éloignées, la volonté des partenaires sociaux de trouver un terrain d'entente a prévalu, même dans les dernières heures avant le déclenchement des actions. C'est une démonstration de la capacité du système à désamorcer les conflits par la négociation et le compromis.
Un porte-parole d'Essenscia, s'exprimant sous couvert d'anonymat en attendant la communication officielle, a exprimé un certain soulagement : «Il était essentiel de trouver une solution qui concilie les aspirations légitimes des travailleurs avec la réalité économique de nos entreprises. Cet accord témoigne de la maturité de notre dialogue social et assure la stabilité nécessaire à notre secteur pour les deux prochaines années.»
Perspectives pour l'avenir du secteur
La validation de cet accord par les bases syndicales est désormais la prochaine étape cruciale. Si elle se confirme, comme cela est généralement le cas après une recommandation des délégations, le secteur de la chimie et des sciences de la vie pourra aborder l'année 2026 avec une feuille de route claire en matière sociale. Cela permettra aux entreprises de planifier leurs investissements, de poursuivre leurs efforts en matière de durabilité et d'innovation, et de maintenir leur position de leader sur les marchés internationaux.
Cependant, les défis à long terme demeurent. Le secteur doit continuer à attirer et à retenir les talents, à s'adapter aux nouvelles réglementations environnementales, et à naviguer dans un paysage géopolitique et économique mondial en constante évolution. Cet accord ne représente pas une fin en soi, mais plutôt une étape importante pour garantir la pérennité et la prospérité d'une industrie essentielle pour la Belgique.
EuroMK News continuera de suivre l'évolution de la situation et de rendre compte de la ratification de cet accord historique par les membres des syndicats.
