samedi 6 décembre 2025
Charleroi impose une nouvelle taxe à son aéroport : 15 millions d'euros attendus, une 'contribution juste' pour Thomas Dermine
Économie

Charleroi impose une nouvelle taxe à son aéroport : 15 millions d'euros attendus, une 'contribution juste' pour Thomas Dermine

La ville de Charleroi a mis sa menace à exécution en instaurant une nouvelle taxe sur son aéroport, Brussels South Charleroi Airport (BSCA). Estimée sur la base de 3 euros par passager, cette mesure structurelle devrait injecter 15 millions d'euros dans les caisses communales pour le budget 2026, une décision qualifiée de 'contribution juste' par le Secrétaire d'État Thomas Dermine.

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EuroMK News

CHARLEROI, Belgique – La ville de Charleroi franchit un cap décisif dans la gestion de ses finances et de ses infrastructures en instaurant une nouvelle taxe sur son aéroport, Brussels South Charleroi Airport (BSCA). Une mesure audacieuse, calculée sur la base de 3 euros par passager, qui devrait faire rentrer pas moins de 15 millions d'euros dans les caisses communales dès l'élaboration du budget 2026. Le Secrétaire d'État à la Relance et aux Investissements stratégiques, Thomas Dermine, ne cache pas sa satisfaction, qualifiant cette nouvelle imposition de « contribution juste ». Une décision qui, à l'aube de cette année charnière, promet de remodeler le paysage financier de la Cité des Ducs et de soulever de nombreuses interrogations sur l'avenir du principal hub aéroportuaire wallon.

Une Taxe Stratégique pour un Budget 2026 Ambitieux

Ce n'était qu'une menace il y a quelques mois, elle est désormais une réalité. Dans le cadre de l'élaboration de son budget pour l'année 2026, la ville de Charleroi, confrontée comme de nombreuses communes à des défis financiers importants, a choisi de solliciter une contribution directe de la part de l'une de ses infrastructures les plus emblématiques et économiquement vitales : l'aéroport de Charleroi. Contrairement à une idée reçue, cette taxe ne sera pas prélevée directement sur les billets d'avion des passagers, mais bien sur la structure aéroportuaire elle-même, la société Brussels South Charleroi Airport (BSCA) SA.

Le mécanisme est clair : un montant forfaitaire de 3 euros par passager sera utilisé comme base de calcul pour cette imposition annuelle. Avec un trafic qui, après les turbulences de la pandémie, a retrouvé une solide dynamique et s'approche voire dépasse ses niveaux pré-2020, les projections laissent espérer une rentrée de 15 millions d'euros par an pour la municipalité. Un afflux de capitaux non négligeable qui pourrait permettre à Charleroi de concrétiser des projets d'investissements attendus, de renforcer ses services publics ou d'alléger d'autres pressions fiscales pour ses citoyens.

Thomas Dermine : La Voix d'une "Contribution Juste"

La justification de cette taxe a été portée avec conviction par Thomas Dermine, figure politique carolorégienne et membre influent du gouvernement fédéral. Pour le Secrétaire d'État, cette nouvelle contribution est avant tout une question d'équité. « C'est une contribution juste », a-t-il affirmé, soulignant l'importance pour une infrastructure d'une telle envergure de participer davantage à l'effort collectif de la ville qui l'héberge et qui lui fournit un environnement essentiel à son fonctionnement.

L'aéroport de Charleroi, bien que géré de manière autonome, bénéficie directement et indirectement des infrastructures et des services mis à disposition par la ville et la région. Accès routiers, transports en commun, sécurité, développement urbain environnant, gestion des nuisances sonores pour les riverains… Autant d'éléments qui représentent un coût pour la collectivité et qui, selon les partisans de la taxe, justifient une participation financière plus conséquente de BSCA. « L'aéroport est un moteur économique formidable pour notre région, créateur d'emplois et de dynamisme. Mais ce développement s'accompagne aussi de responsabilités », a ajouté un observateur local, sous couvert d'anonymat, illustrant le sentiment partagé par une partie de la population et de la classe politique.

Les Répercussions Potentielles : Un Débat Ouvert

Si la joie est palpable dans les rangs de la majorité carolorégienne, cette décision ne manquera pas de susciter des débats. Du côté de Brussels South Charleroi Airport, la réaction officielle n'est pas encore connue au moment de la publication de cet article (décembre 2025), mais les discussions en coulisses promettent d'être intenses. L'ajout d'une charge de 15 millions d'euros sur son budget pourrait, selon certains experts du secteur, impacter sa compétitivité.

Impact sur la compétitivité et les compagnies aériennes

L'aéroport de Charleroi s'est bâti une réputation de hub low-cost, attirant des compagnies comme Ryanair grâce à une structure de coûts agressive. Une nouvelle taxe pourrait-elle compromettre cet avantage ? Pour les analystes, deux scénarios principaux émergent :

  • Absorption des coûts : BSCA pourrait être contraint d'absorber une partie ou la totalité de cette taxe, réduisant ses marges bénéficiaires ou ses capacités d'investissement dans l'amélioration des infrastructures et des services, ce qui pourrait à terme affecter l'expérience passager ou la capacité à attirer de nouvelles routes.
  • Répercussion partielle : Bien que la taxe ne vise pas directement le billet d'avion, une augmentation des coûts pour l'aéroport pourrait in fine se traduire par des hausses de redevances aéroportuaires pour les compagnies aériennes. Celles-ci, à leur tour, pourraient décider de les répercuter sur le prix des billets, affectant ainsi l'attractivité de Charleroi face à d'autres aéroports régionaux comme Liège, Lille, ou même Brussels Airport-Zaventem, qui opèrent dans un environnement fiscal différent.

« Chaque euro compte dans le secteur aérien, surtout pour le segment low-cost », explique un consultant en aviation. « BSCA devra trouver un équilibre délicat entre répondre aux attentes de la ville et maintenir son positionnement concurrentiel. La clé sera de savoir comment cette nouvelle charge sera intégrée dans leur modèle économique et dans leurs négociations avec les transporteurs. »

Un précédent pour d'autres infrastructures ?

Cette initiative carolorégienne pourrait également faire jurisprudence. D'autres villes belges, abritant de grandes infrastructures (ports, zones industrielles majeures, autres aéroports), pourraient-elles s'inspirer de cette démarche pour renflouer leurs propres caisses ? La question est déjà sur toutes les lèvres dans les milieux politiques et économiques du pays.

Historique et Contexte : Une Tension Latente

La décision de Charleroi ne sort pas de nulle part. La relation entre la ville et son aéroport a toujours été complexe, mêlant fierté pour un outil de développement économique majeur et frustration face aux nuisances sonores ou au sentiment d'une contribution jugée insuffisante. Depuis des années, des voix s'élèvent, notamment au sein de la population riveraine, pour réclamer une meilleure répartition des bénéfices et des charges.

Dans les années précédant 2025, des discussions informelles et parfois plus formelles ont eu lieu entre les autorités communales et la direction de BSCA concernant la contribution de l'aéroport au bien-être de la collectivité. La « menace » d'une taxe planait depuis plusieurs budgets, signe que la ville cherchait des moyens concrets d'obtenir une participation financière accrue. La pandémie de COVID-19, qui a mis à mal les finances de nombreuses villes tout en démontrant la fragilité des économies locales, a sans doute accéléré cette prise de décision. Les besoins de relance et d'investissement sont plus pressants que jamais, et la recherche de nouvelles sources de revenus est devenue une priorité absolue.

Perspectives et Prochaines Étapes

La mise en œuvre effective de cette taxe est désormais au cœur des préoccupations. Le budget 2026 de Charleroi devra être validé, et il est probable que la BSCA engage des discussions avec la ville, voire envisage des recours si elle estime la taxe disproportionnée ou préjudiciable. La négociation sera cruciale pour s'assurer que cette nouvelle donne fiscale ne freine pas l'élan de développement de l'aéroport, un acteur essentiel pour l'emploi et l'attractivité de la Wallonie.

Au-delà des chiffres, cette taxe symbolise un virage dans la manière dont les villes envisagent leur relation avec les grandes infrastructures économiques. C'est un message fort envoyé par Charleroi : la contribution de tous est nécessaire pour le développement équilibré et juste du territoire. L'année 2026 s'annonce donc comme une période d'ajustements et de rééquilibrages, où l'économie aéroportuaire carolorégienne devra s'adapter à une nouvelle réalité fiscale, sous le regard attentif de la population et des acteurs économiques.

Sources :

  • Le Soir
  • Analyses EuroMK News

Photo by Yeon Li on Unsplash

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