BRUXELLES, BELGIQUE – La quiétude de la capitale européenne a été brutalement rompue la semaine dernière par un acte de haine d’une violence inacceptable. Le vendredi 28 novembre 2025, aux alentours de 21 heures, Jamal, une personne non-binaire de 27 ans, a été victime d'une agression transphobe et homophobe d’une rare brutalité à la station de métro Beekkant, à Molenbeek-Saint-Jean. L’incident, rapporté par nos confrères de la RTBF, a rapidement provoqué une vague d’indignation et de solidarité à travers le pays.
Le Récit de l'Horreur : « J’étais un sac de boxe »
Ce soir-là, Jamal se préparait à rejoindre une soirée LGBTQIA+ dans le centre de Bruxelles. Comme à son habitude, iel exprimait son identité de manière visible, maquillé·e et vêtu·e d'une tenue qui lui correspondait. En arrivant à la station Beekkant pour changer de ligne, Jamal a croisé le chemin d’un groupe d'individus. « Je ne les avais jamais vus auparavant, » confie Jamal, encore sous le choc, lors d’un entretien téléphonique où sa voix trahit une profonde lassitude et une douleur persistante. « Ils ont commencé à me fixer, à rire, puis les insultes ont fusé. »
Les mots, d’abord cinglants et dégradants, ont rapidement escaladé vers la violence physique. « Ils m’ont traité·e de tous les noms, des injures homophobes et transphobes. Puis l’un d’eux m’a poussé·e », se remémore Jamal, la voix tremblante. Projeté·e au sol, Jamal est devenu·e la cible d’une pluie de coups. « Ils m’ont roué·e de coups de poing et de pied. Mon corps tout entier était leur défouloir. J’étais un sac de boxe. » Le témoignage est glaçant, révélant une scène d'une brutalité gratuite et effarante. Les agresseurs se sont acharnés sur Jamal pendant de longues minutes, sans que personne n'intervienne, avant de prendre la fuite en laissant la victime blessée et profondément traumatisée sur le quai du métro.
Les conséquences de cette agression sont lourdes. Physiquement, Jamal souffre de multiples contusions, d’ecchymoses importantes et d’une potentielle fracture à la main, nécessitant un suivi médical approfondi. Mais au-delà des blessures visibles, c'est le traumatisme psychologique qui pèse le plus lourd. La peur, la honte et la colère se mêlent, laissant Jamal dans un état de vulnérabilité extrême. « Je ne me sens plus en sécurité nulle part, même dans ma propre ville, » avoue-t-iel.
Une Agression Ciblée : L'ombre de la Haine
L’identité non-binaire de Jamal, qui ne se reconnaît exclusivement ni comme homme ni comme femme, est au cœur de cette attaque. Les agresseurs ont clairement ciblé Jamal en raison de son apparence et de son identité de genre et sexuelle perçue, transformant cette agression en un acte de haine transphobe et homophobe. Cet événement met en lumière une réalité sombre pour de nombreuses personnes LGBTQIA+ : celle d'être la cible de violences pour la simple expression de soi.
Pour la communauté LGBTQIA+, l'agression de Jamal n'est pas un incident isolé. Elle résonne comme un rappel douloureux de la persistance de l'intolérance et des dangers quotidiens auxquels sont confrontées les personnes queer. « C'est une attaque contre nous tou·tes, » a déclaré un représentant de la Maison Arc-en-Ciel de Bruxelles, soulignant la nécessité d'une réponse ferme et collective.
Réactions Indignées et Mobilisation Générale
Dès que l'information a été rendue publique, les réactions de condamnations n'ont pas tardé à affluer. Les associations de défense des droits LGBTQIA+ ont exprimé leur indignation et leur soutien indéfectible à Jamal. Elles appellent à une mobilisation citoyenne et politique pour exiger justice et des mesures concrètes afin de garantir la sécurité des personnes queer dans l'espace public.
- Appels à l'action des organisations : Des associations comme Arc-en-Ciel Belgique et la Fédération des Maisons Arc-en-Ciel ont lancé des appels à la vigilance et à l'action. Elles demandent des enquêtes rapides et des condamnations exemplaires pour dissuader de futurs actes de violence.
- Réactions politiques : Plusieurs personnalités politiques bruxelloises et fédérales ont fermement condamné l'agression. Le Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale a exprimé sa solidarité, rappelant l'engagement de la région pour la diversité et l'inclusion. La Secrétaire d'État fédérale à l'Égalité des Chances a quant à elle souligné l'importance de la lutte contre les crimes de haine et promis un renforcement des campagnes de sensibilisation.
- Enquête judiciaire en cours : La police de la zone de Bruxelles-Ouest a ouvert une enquête pour coups et blessures à caractère transphobe et homophobe, une qualification qui permet d'alourdir les peines. Les enquêteurs exploitent actuellement les images des caméras de surveillance de la STIB et procèdent à des auditions. Un appel à témoins a été lancé pour recueillir toute information susceptible de mener à l'identification et à l'arrestation des agresseurs.
Bruxelles, ville inclusive à l'épreuve
Historiquement reconnue pour sa diversité et son ouverture, Bruxelles se voit aujourd'hui confrontée à la dure réalité de la haine. L'image d'une ville arc-en-ciel, célébrée pour son dynamisme et sa tolérance, est mise à mal par de tels actes. Des rapports récents, dont celui de l'organisation ILGA-Europe publié en mai 2025, ont déjà pointé une stagnation, voire une légère régression, des droits et de la sécurité des personnes LGBTQIA+ dans plusieurs pays européens, y compris la Belgique, concernant la recrudescence des discours de haine et des violences.
Cette agression rappelle l'urgence de renforcer les politiques de lutte contre la discrimination et la haine. Au-delà des condamnations, des mesures concrètes sont attendues : une meilleure formation des forces de l'ordre à la gestion des crimes de haine, un soutien psychologique et juridique accru pour les victimes, et des campagnes de sensibilisation à grande échelle pour déconstruire les préjugés et promouvoir le respect des diversités.
L'Appel à la Résilience et à l'Action Collective
Malgré la douleur et le traumatisme, Jamal fait preuve d'un courage exemplaire en choisissant de témoigner. Son récit est un cri d'alarme, un appel à ne pas détourner le regard face à la violence et à l'intolérance. « Je veux que justice soit faite, mais je veux surtout que personne d'autre n'ait à vivre ça, » affirme Jamal. Ce témoignage est essentiel pour briser le silence et l'invisibilité qui entourent trop souvent ces agressions.
L'agression de Jamal n'est pas seulement une tragédie personnelle ; elle est un défi lancé à l'ensemble de la société bruxelloise et belge. C'est un moment pour réaffirmer collectivement les valeurs de respect, de tolérance et d'égalité. La lutte contre la transphobie et l'homophobie est l'affaire de tou·tes. L'espoir demeure qu'à travers la résilience de Jamal et la mobilisation de la communauté, Bruxelles puisse prouver qu'elle reste une ville où chaque identité a sa place, en sécurité et dans la dignité.