Tournai : Un ancien instituteur face à la justice pour détention d’images pédopornographiques
Tournai, Belgique – Le 9 décembre 2025 – L'atmosphère était lourde et chargée d'émotion, ce lundi 8 décembre 2025, au tribunal correctionnel de Tournai. Un homme, jadis figure respectée de la communauté éducative d'Escanaffles, comparaissait pour des faits de détention d'images pédopornographiques, une accusation des plus graves qui heurte de plein fouet l'éthique et la morale. C'est dans ce contexte de scandale et de déchéance que le prévenu, identifié comme Monsieur D., 52 ans, ancien instituteur, a dû faire face à la justice.
Un prévenu rongé par la honte et le remords
Dès son apparition à la barre, le prévenu n'a pu contenir son émotion. Le visage rougi de larmes, les épaules secouées par des sanglots ininterrompus, il a peiné à trouver ses mots. « Je suis honteux d’être ici devant vous », a-t-il sangloté, s’adressant directement à la présidente du tribunal, d’une voix nouée par l’émotion et le chagrin. Une image poignante qui, bien que ne pouvant effacer la gravité de ses actes, témoignait d'une détresse palpable et d'une prise de conscience, du moins en apparence, de l'ampleur de sa faute. Son avocat, Maître Jean-Luc Dubois, a d'ailleurs insisté sur cette expression de remords sincère, plaidant pour une mesure empreinte d'humanité.
Les faits qui lui sont reprochés sont d’une nature particulièrement sordide. L'enquête, démarrée il y a près de deux ans suite à un signalement anonyme et des vérifications numériques, a mis au jour une collection impressionnante d'images et de vidéos à caractère pédopornographique, stockées sur divers supports informatiques à son domicile. Les experts en cybercriminalité ont découvert plusieurs milliers de fichiers, dont certains d'une extrême violence, accumulés sur une période de plusieurs années, allant de la fin de sa carrière d'enseignant à son arrestation initiale. La découverte de ces images a naturellement provoqué un choc considérable au sein de la Brigade des mœurs et des enquêteurs.
Le parcours d'une déchéance : De l'instituteur respecté à l'accusé
Monsieur D. était, jusqu’à la révélation de cette affaire, un instituteur bien connu et, jusqu'alors, respecté dans le village d'Escanaffles, une petite localité de la région de Tournai. Son parcours professionnel s'était déroulé sans encombre apparent pendant des décennies, laissant derrière lui des générations d'élèves. Cette façade d'homme irréprochable s'est effondrée brutalement avec l'éclatement du scandale, jetant une ombre sur son passé et semant l'émoi dans la communauté. Le procureur, dans son réquisitoire, n'a pas manqué de souligner la trahison de la confiance publique qu'incarne un tel métier.
L'enquête a révélé une double vie, un monde secret fait de téléchargements compulsifs et de consultations clandestines. Si l'accusation se limite à la détention et non à la production ou la diffusion de ces images – point crucial souligné par la défense –, la quantité et le caractère abject des fichiers trouvés témoignent d'une addiction profonde et d'un comportement déviant. Les psychologues et experts psychiatres qui l'ont examiné ont mis en lumière un isolement social croissant, des troubles de la personnalité et une fragilité psychologique ayant pu le pousser vers cette dérive macabre.
La demande surprenante de suspension du prononcé
C'est l'issue de l'audience qui a le plus marqué les observateurs. Malgré la gravité incontestable des faits et la nature odieuse du crime de détention de pédopornographie, le substitut du procureur a requis une suspension du prononcé. Cette mesure, prévue par le droit pénal belge, signifie que la culpabilité de la personne est établie par le tribunal, mais qu'aucune peine n'est prononcée immédiatement. La décision est alors assortie de conditions strictes, et la condamnation n'apparaît pas au casier judiciaire si ces conditions sont respectées durant une période probatoire.
La motivation de cette requête peu commune, dans un dossier d’une telle gravité, repose sur plusieurs éléments exposés par le ministère public :
- Le remords profond du prévenu : La sincérité des regrets exprimés par Monsieur D. a été un facteur pris en compte.
- L'absence d'antécédents judiciaires : Son casier judiciaire était vierge de toute mention avant cette affaire.
- La collaboration avec la justice : Le prévenu n'aurait opposé aucune résistance aux enquêteurs et aurait reconnu les faits rapidement.
- Un profil de déviance et non de prédation active : Les experts ont conclu à un profil de personne présentant des troubles psychologiques et une addiction aux images, plutôt qu'à un individu ayant activement commis des actes d'agression sexuelle sur des enfants, bien que la nuance puisse paraître ténue pour le grand public. Il n'a pas été établi de contacts physiques ou de tentatives de contacts avec des mineurs.
- L'engagement thérapeutique : Monsieur D. a initié de son propre chef une thérapie intensive pour comprendre et traiter les racines de son comportement.
Le ministère public a ainsi suggéré que l'imposition de conditions strictes – incluant un suivi psychologique et psychiatrique obligatoire, l'interdiction formelle de tout contact avec des mineurs en dehors de la présence d'adultes responsables, l'interdiction d'accès à internet sans surveillance et la destruction de tous les supports numériques – pourrait être plus efficace pour prévenir la récidive qu'une peine de prison ferme qui, dans son analyse, risquerait de le marginaliser davantage sans traiter le fond du problème.
La défense plaide la réinsertion et la dignité humaine
Pour la défense, Maître Dubois a appuyé sur la détresse de son client, soulignant l’« anéantissement total » de sa vie professionnelle et sociale. « Mon client est déjà une ruine humaine. Il a tout perdu : sa réputation, son métier, la confiance de ses proches. Il vit désormais dans la honte et l'isolement », a plaidé l’avocat. Il a insisté sur la volonté de Monsieur D. de se reconstruire et de ne plus jamais retomber dans de telles pratiques. L'objectif, selon la défense, n'est pas d'exonérer le prévenu de sa culpabilité, mais de lui offrir un chemin vers une réinsertion encadrée et de lui permettre de retrouver une forme de dignité.
La question de la peine appropriée dans de tels cas est toujours au cœur des débats judiciaires et sociétaux. Entre la nécessité de punir un crime qui s'attaque à l'innocence et la volonté de réinsérer un individu, la justice doit souvent trouver un équilibre délicat. La suspension du prononcé, bien que potentiellement controversée pour un crime aussi répugnant, est une disposition légale qui vise à individualiser la peine et à privilégier la prévention de la récidive sous certaines conditions.
Un jugement attendu dans un mois
Après avoir écouté attentivement toutes les parties, la présidente du tribunal a indiqué que le jugement serait mis en délibéré. La décision finale est attendue dans un mois, aux alentours du 8 janvier 2026. L'issue de ce procès, qu'il s'agisse d'une suspension du prononcé ou d'une condamnation plus sévère, aura sans aucun doute des répercussions significatives et continuera de susciter le débat sur la manière dont la société et la justice traitent de tels crimes, en particulier lorsque le coupable était censé protéger les enfants.
EuroMK News continuera de suivre cette affaire de près et rapportera la décision du tribunal dès son prononcé.