L'Europe face à Pékin : Un ultimatum commercial aux portes de 2026
BRUXELLES, PARIS – 8 Décembre 2025 – Les relations commerciales entre l'Union européenne et la Chine sont à un point de bascule. Le président français Emmanuel Macron a lancé une mise en garde on ne peut plus claire à Pékin, signalant que l'Europe est prête à imposer des droits de douane sur les produits chinois « dans les tout prochains mois » si des mesures correctives ne sont pas rapidement adoptées par la seconde économie mondiale. Cette déclaration, largement relayée par la presse européenne, dont la RTBF en novembre 2025, résonne comme un ultimatum à l'aube de la nouvelle année.
« Je leur ai dit que, s’ils ne réagissaient pas, nous, Européens, serions contraints, dans les tout prochains mois, de prendre des mesures fortes […] à l’instar des Etats-Unis, comme par exemple des droits de douane sur les produits chinois », aurait déclaré le chef d'État français lors d'échanges récents avec des dirigeants chinois. Cette phrase, désormais emblématique, souligne la détermination croissante de l'UE à défendre ses intérêts économiques face à des pratiques jugées déloyales.
Une patience européenne à bout de souffle
La menace française n'est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein, mais plutôt l'aboutissement d'une frustration européenne grandissante. Depuis plusieurs années, l'UE observe avec inquiétude un déficit commercial croissant avec la Chine, atteignant des niveaux record en 2024 et maintenu à un niveau élevé en 2025. Au-delà des chiffres bruts, ce sont des pratiques commerciales spécifiques qui exaspèrent Bruxelles et les capitales européennes.
Les principaux griefs de l'UE :
- Subventions étatiques massives : L'Europe accuse Pékin de subventionner massivement ses entreprises, notamment dans des secteurs clés comme les véhicules électriques (VE), les panneaux solaires et les éoliennes. Ces aides permettent aux produits chinois d'inonder le marché européen à des prix défiant toute concurrence, menaçant la survie d'industries stratégiques européennes. Des enquêtes anti-subventions, lancées par la Commission européenne en début d'année 2025 pour les VE chinois, sont emblématiques de cette nouvelle approche.
- Surcapacités industrielles : La Chine est critiquée pour ses surcapacités de production qui dépassent largement sa demande intérieure, poussant les entreprises chinoises à exporter massivement leurs excédents, ce qui distord les marchés mondiaux.
- Accès au marché : Malgré des promesses répétées, les entreprises européennes continuent de rencontrer des obstacles significatifs pour accéder au marché chinois, notamment en matière de régulations, de transferts de technologie forcés et de protection de la propriété intellectuelle.
Ces éléments ont nourri la conviction que la politique de « de-risking » (réduction des risques et des dépendances), adoptée par l'UE en 2024, doit désormais s'accompagner d'outils plus robustes pour garantir une concurrence équitable.
L'ombre de Washington et la recherche d'autonomie stratégique
La référence du président Macron aux États-Unis n'est pas anodine. Washington a, depuis plusieurs années, montré la voie en imposant des droits de douane et d'autres restrictions commerciales sur des produits chinois, notamment sous les administrations Trump et Biden. Les États-Unis ont récemment renforcé ces mesures, ciblant particulièrement les VE et les technologies sensibles chinoises en 2024 et 2025, dans le but de protéger leur propre industrie et leur sécurité nationale. Cette approche a visiblement inspiré l'Europe, qui cherche à affirmer sa propre « autonomie stratégique » non seulement en matière de défense, mais aussi dans le domaine économique et industriel.
Pour l'UE, il s'agit de trouver un équilibre délicat : protéger ses industries naissantes et établies sans pour autant déclencher une guerre commerciale totale qui pourrait nuire à sa propre croissance et aux consommateurs. La Commission européenne, sous l'impulsion de plusieurs États membres, travaille activement depuis des mois sur des instruments de défense commerciale, prêts à être déployés. Le calendrier évoqué par le président Macron, « dans les tout prochains mois », suggère que des décisions pourraient être prises et appliquées dès le premier ou le deuxième trimestre 2026.
Quelles conséquences pour l'Europe et la Chine ?
La mise en œuvre de droits de douane par l'UE aurait des répercussions significatives pour les deux blocs. Pour la Chine, cela représenterait un revers majeur pour ses exportations vers l'un de ses plus grands marchés, potentiellement exacerbant ses propres défis économiques internes. Pékin pourrait riposter par des mesures similaires, ciblant des produits européens emblématiques, ce qui plongerait le monde dans une escalade protectionniste.
Pour l'Europe, si les droits de douane pourraient protéger certaines industries nationales et encourager la production locale, ils risquent également d'augmenter les prix pour les consommateurs européens, notamment pour des produits abordables comme les VE chinois. Par ailleurs, l'unité européenne sera mise à l'épreuve. Si des pays comme la France ou l'Espagne appellent à la fermeté, d'autres, comme l'Allemagne, dont l'industrie automobile est fortement investie en Chine, pourraient être plus réticents à prendre des mesures trop agressives, craignant des représailles qui affecteraient leurs exportations.
Les prochains mois seront cruciaux. La balle est désormais dans le camp de Pékin. Une réaction proactive de la Chine, par exemple via une ouverture plus significative de son marché, une réduction des subventions ou des engagements concrets sur la propriété intellectuelle, pourrait désamorcer la crise. Sans cela, l'Union européenne semble résolue à franchir un nouveau cap dans sa relation avec la Chine, marquant potentiellement une ère de confrontation commerciale plus directe en 2026.