LIÈGE – La sérénité du début du mois de décembre est brusquement perturbée à Liège par la diffusion, ce dimanche 14 décembre 2025, d'une vidéo choc. Ces images, rendues publiques sur les réseaux sociaux, ravivent la controverse autour d'une interpellation policière survenue près de trois semaines plus tôt, le vendredi 28 novembre 2025, dans l'enceinte d'un bus de la ville. La scène, qui montre un homme maîtrisé avec force par deux agents, dont l'un utilise sa matraque, a immédiatement enflammé la toile et poussé les autorités liégeoises à réagir avec célérité. Le bourgmestre a, en effet, publiquement annoncé avoir exigé un rapport complet et urgent du chef de corps de la police.
Une intervention musclée du 28 novembre sous le feu des projecteurs
L'incident filmé n'est pas nouveau pour les services de police et les autorités locales. Il s'agit de l'épilogue d'un différend rapporté le lendemain des faits, le samedi 29 novembre 2025, par la presse locale, notamment Sudinfo. Sous un titre évocateur, « Il monte dans le bus par la mauvaise porte… et finit privé de liberté à Liège », l'article original relatait une altercation survenue la veille. Un homme, dont l'identité n'a pas été divulguée, était monté dans un bus par la mauvaise entrée, déclenchant une dispute avec la conductrice du véhicule. Cette altercation verbale aurait rapidement dégénéré, nécessitant l'intervention des forces de l'ordre.
Ce qui n'était alors qu'un fait divers, rapportant une interpellation pour trouble à l'ordre public et rébellion présumée, prend aujourd'hui une toute autre dimension. La vidéo, dont l'origine reste incertaine mais qui semble avoir été filmée par un passager, offre une perspective crue et sans filtre sur les méthodes employées lors de cette intervention.
La vidéo incriminante : une séquence troublante
Les images qui circulent depuis dimanche matin sur les plateformes numériques sont claires et graphiquement explicites. On y voit un homme, couché face contre terre dans l'allée centrale du bus, visiblement en train d'être maîtrisé par deux agents de la police liégeoise. La séquence la plus controversée montre l'un des policiers assenant plusieurs coups avec sa matraque en direction de l'individu au sol. La situation apparaît tendue et les gestes de contention semblent particulièrement énergiques.
Cette diffusion tardive mais percutante soulève une multitude de questions sur la proportionnalité de l'usage de la force. En effet, la loi encadre strictement les conditions dans lesquelles les forces de l'ordre peuvent recourir à la contrainte physique, notamment l'utilisation d'armes non létales comme la matraque. Les images, prises isolément, interrogent sur la nécessité de tels coups alors que l'individu semble déjà au sol, potentiellement en cours de menottage ou d'immobilisation.
L'onde de choc sur les réseaux sociaux et l'opinion publique
La publication de cette vidéo a provoqué une véritable onde de choc. En quelques heures, elle est devenue virale, générant des milliers de partages, de commentaires et de réactions. Le sentiment général exprimé par une grande partie des internautes est celui de l'indignation et de l'incompréhension. De nombreux citoyens s'interrogent sur la légitimité de ces gestes et réclament des explications claires et transparentes de la part des autorités.
Les critiques fusent, pointant du doigt ce qui est perçu comme un abus de pouvoir ou, du moins, un usage excessif de la force. Des associations de défense des droits humains et des collectifs citoyens se sont également emparés de l'affaire, exigeant une enquête approfondie et des sanctions exemplaires si des fautes étaient avérées. Le débat sur la confiance envers les institutions policières et le contrôle citoyen de leur action est relancé de manière virulente.
La réaction immédiate du bourgmestre : exigence de transparence
Face à l'ampleur de la polémique et à la pression grandissante de l'opinion publique, le bourgmestre de Liège, en tant que responsable de la sécurité sur son territoire, a réagi sans tarder. Dès la prise de connaissance de la vidéo, il a pris la décision de demander « immédiatement un rapport au chef de corps » de la zone de police de Liège. Cette démarche rapide est un signe clair de la gravité perçue de la situation par les autorités politiques.
La demande d'un rapport interne est la première étape classique dans ce type d'affaires. Elle vise à obtenir un éclairage détaillé sur les circonstances de l'intervention, la qualification des faits initiaux, les motivations et les directives données aux agents, ainsi que le déroulement précis de l'action policière. Ce rapport permettra de confronter les images vidéo avec la version officielle des faits rapportée par les policiers impliqués.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Une fois le rapport interne déposé et analysé par le bourgmestre et les services compétents, plusieurs scénarios sont envisageables :
- Analyse interne approfondie : Le rapport sera examiné pour déterminer si les procédures et les règles d'engagement ont été respectées.
- Ouverture d'une enquête disciplinaire : Si des manquements aux règles déontologiques ou un usage disproportionné de la force sont identifiés, une enquête disciplinaire pourrait être ouverte à l'encontre des agents impliqués, pouvant mener à des sanctions internes.
- Saisine de l'Inspection générale de la police (AIG) : Dans les cas les plus graves ou pour garantir une impartialité maximale, le dossier pourrait être transmis à l'AIG, l'organe de contrôle externe de la police, qui mènerait sa propre enquête.
- Enquête judiciaire : Si les faits révèlent des infractions pénales (coups et blessures volontaires, par exemple), le parquet pourrait être saisi et ouvrir une enquête judiciaire, indépendamment des procédures administratives ou disciplinaires.
Il est crucial de rappeler que la présomption d'innocence s'applique aux policiers comme à tout citoyen. L'enquête devra déterminer si l'usage de la force était proportionné à la résistance ou à la menace perçue au moment des faits. Le contexte global de l'intervention, qui n'est pas entièrement visible sur la vidéo, sera également un élément essentiel de l'analyse.
Le défi de la confiance et de la transparence pour les forces de l'ordre
Cette affaire met en lumière les défis constants auxquels sont confrontées les forces de l'ordre à l'ère du numérique et de la vidéo-surveillance citoyenne. Chaque intervention, aussi banale soit-elle, est susceptible d'être filmée et diffusée, soumettant le travail policier à un examen public immédiat et souvent impitoyable.
Pour la police de Liège et, au-delà, pour l'ensemble des forces de sécurité belges, il s'agit d'un moment clé pour réaffirmer leur engagement en faveur de la transparence et de la déontologie. La capacité des autorités à faire toute la lumière sur cet incident, à en tirer les conclusions nécessaires et à communiquer de manière claire sera déterminante pour maintenir la confiance du public, un pilier essentiel de la sûreté publique.
EuroMK News continuera de suivre cette affaire avec la plus grande attention, en attendant les conclusions du rapport interne et les éventuelles suites judiciaires ou disciplinaires.