Iran : Arrestations Post-Marathon, la Défiance du Voile Réaffirme la Ligne Dure du Régime
Téhéran, Iran – Les autorités iraniennes ont procédé ce samedi 7 décembre 2025 à l'arrestation de deux organisateurs d'un marathon qui s'est déroulé hier, le vendredi 6 décembre, dans un climat de vive controverse. Leur faute : avoir permis la participation de femmes non voilées, un acte de défiance flagrant envers les lois strictes du pays sur le code vestimentaire islamique. L'annonce, faite par l'agence du pouvoir judiciaire, souligne la détermination du régime à réprimer toute forme de contestation, même dans le cadre d'un événement sportif.
Selon les informations recueillies, le marathon, qui a attiré plus de 5 000 participants, hommes et femmes confondus, s'était transformé en un point de friction majeur. Des images et des témoignages diffusés sur les réseaux sociaux – avant d'être rapidement censurés – ont montré des femmes courant avec les cheveux découverts, en violation directe de la loi sur le hijab obligatoire en vigueur depuis la Révolution islamique de 1979. Cet acte, loin d'être anodin, a été interprété par les cercles conservateurs comme une provocation délibérée, exigeant une réponse ferme de la part des gardiens des valeurs islamiques de la République.
Un Climat de Tensions Exacerbées Autour du Hijab
L'incident du marathon s'inscrit dans un contexte iranien particulièrement tendu en ce qui concerne la question du voile. Deux ans après l'explosion du mouvement « Femme, Vie, Liberté » à l'automne 2022, déclenché par la mort de Mahsa Amini après son arrestation pour « port de vêtements inappropriés », la République islamique continue de lutter pour imposer un contrôle total sur les libertés individuelles, et en particulier sur le code vestimentaire féminin.
Malgré une répression brutale, qui a vu des milliers d'arrestations et de nombreuses condamnations, l'opposition au hijab obligatoire ne s'est jamais complètement éteinte. Elle s'exprime désormais souvent par des actes de « désobéissance civile silencieuse » : des femmes qui se promènent dans les rues des grandes villes sans voile, des commerces qui refusent de faire respecter la loi, ou encore des événements publics où la vigilance des forces de l'ordre est testée. Le marathon de vendredi était de toute évidence l'une de ces occasions.
Le pouvoir judiciaire, en collaboration avec les forces de sécurité et les brigades de la moralité, a multiplié les initiatives ces derniers mois pour renforcer l'application de la loi sur le hijab. Des caméras de surveillance ont été déployées dans les espaces publics, des avertissements SMS sont envoyés aux conductrices non voilées, et des établissements commerciaux ont été fermés pour non-respect des normes. Les arrestations des organisateurs du marathon envoient un message clair : l'État ne tolérera aucune brèche dans son contrôle social, et ceux qui facilitent de telles transgressions seront tenus pour responsables.
Les Conséquences pour la Société Civile et le Sport
Cette répression aura sans doute des répercussions significatives. D'une part, elle pourrait dissuader d'autres organisateurs d'événements publics d'inclure des participations féminines, par crainte de représailles. Le sport féminin, déjà confronté à de nombreuses restrictions en Iran, risque de voir son espace se réduire encore davantage. D'autre part, ces arrestations pourraient galvaniser une partie de la population opposée au régime, renforçant le sentiment d'injustice et d'oppression.
La communauté internationale, déjà attentive à la situation des droits humains en Iran, ne manquera pas de réagir. Des organisations de défense des droits humains ont régulièrement dénoncé la sévérité des lois sur le hijab et les méthodes employées pour les faire respecter. Ces nouvelles arrestations, d'individus qui n'ont fait que permettre à des femmes de pratiquer une activité sportive, ne feront qu'ajouter à la liste des préoccupations internationales concernant la République islamique.
Une Épreuve de Force Continue
L'épisode du marathon est une nouvelle illustration de l'épreuve de force continue entre une partie de la société iranienne, aspirant à davantage de libertés individuelles et de droits pour les femmes, et un régime théocratique déterminé à maintenir son emprise. Tandis que les autorités semblent vouloir réaffirmer leur ligne dure à l'approche de la fin de l'année 2025, la résistance, même sous des formes apparemment mineures comme la participation à un marathon sans voile, continue de défier la normalisation de l'oppression.
Les deux organisateurs arrêtés font désormais face à des accusations qui pourraient aller de la promotion de la dépravation publique à la violation des codes vestimentaires islamiques, des chefs d'inculpation potentiellement lourds de conséquences. Leur sort sera scruté de près, non seulement en Iran, mais aussi par une communauté internationale qui s'inquiète de la trajectoire répressive du pays. Cette affaire a été rapportée par plusieurs médias internationaux, dont la RTBF.
Cet événement met en lumière la complexité et la fragilité de la situation sociale en Iran, où chaque acte de désobéissance, même symbolique, peut avoir des répercussions politiques et judiciaires majeures. Pour EuroMK News, l'évolution de cette affaire et ses implications pour les droits des femmes en Iran resteront une priorité d'information.