Le cauchemar d'un retour de marché de Noël
Bruxelles, Belgique – Le 9 décembre 2025 – Le froid hivernal de ce début décembre 2025 n'est pas la seule chose qui a transi Pascale, 58 ans. En fauteuil roulant, cette Belge revenait d'un séjour enchanteur aux marchés de Noël de Düsseldorf, en Allemagne, avec sa fille. Ce qui devait être un simple voyage de retour s'est transformé en une épreuve traumatisante et profondément humiliante, dont elle peine encore à se remettre. « J’ai eu l’impression d’être un déchet, je n’en dors pas », a confié Pascale au média Sudinfo, dans un témoignage poignant rendu public ce lundi 8 décembre.
Les festivités de Noël, symboles de joie et de partage, se sont brusquement muées en un souvenir amer pour Pascale. Après avoir profité des premières magies de l'Avent dans les rues illuminées de Düsseldorf, elle et sa fille se sont rendues à l'arrêt de bus, billet FlixBus en main, pour un retour serein vers la Belgique. Elles avaient pris soin de signaler, lors de la réservation il y a quelques semaines, la nécessité d'une assistance pour une personne en fauteuil roulant. Ce qui semblait être une précaution élémentaire s'est avéré tristement insuffisant face à une réalité choquante.
Un refus d'embarquement incompréhensible
L'incident, dont les détails glaçants ont été rapportés par Pascale, s'est déroulé en fin de journée, alors que le bus FlixBus attendait ses passagers. À l'approche du véhicule, l'excitation du voyage laissait place à l'incrédulité. Le chauffeur, confronté à la présence de Pascale et de son fauteuil, aurait opposé un refus catégorique de l'embarquement, arguant, selon son témoignage, de l'absence d'équipement adapté ou de la difficulté d'une prise en charge. Les explications exactes restent floues et contradictoires, mais le résultat fut sans appel : Pascale ne monterait pas à bord.
Devant l'insistance de sa fille et la détresse grandissante de Pascale, le chauffeur serait resté inflexible. La scène s'est déroulée sous les yeux de plusieurs passagers, témoins impuissants de cette exclusion forcée. La gêne, la surprise, puis l'indignation se lisaient sur les visages. Mais pour Pascale, c'était d'abord un sentiment d'humiliation profonde qui la submergeait. « Être laissée là, sur le trottoir, comme si ma présence était un problème insurmontable, un fardeau… c'est ça qui m'a le plus blessée », a-t-elle déclaré, la voix encore empreinte d'une douleur vive.
Quand la dignité est bafouée : les répercussions émotionnelles
Le choc émotionnel pour Pascale fut immense. Cette expérience a ravivé des craintes et des vulnérabilités que toute personne en situation de handicap espère ne jamais rencontrer dans sa vie quotidienne. « J'ai eu l'impression d'être un déchet », ces mots résonnent comme un cri du cœur, révélant l'ampleur de la détresse vécue. Plus de 24 heures après l'incident, Pascale confie ne toujours pas dormir, revivant en boucle la scène de l'embarquement refusé.
La fille de Pascale, également profondément affectée, a dû faire face à cette situation absurde et stressante. Elle a tenté de trouver des solutions, de dialoguer, mais s'est heurtée à un mur d'incompréhension. Ensemble, elles ont finalement dû organiser leur retour par leurs propres moyens, à la hâte et avec des frais imprévus, prolongeant ainsi le calvaire.
FlixBus sous le feu des critiques : une problématique récurrente ?
Cet événement remet en lumière les défis persistants auxquels sont confrontées les personnes à mobilité réduite (PMR) dans les transports en commun, malgré l'existence de législations et d'engagements pour l'accessibilité. FlixBus, leader européen du transport en autocar, s'est pourtant engagé à faciliter les voyages pour tous. Leurs conditions générales mentionnent souvent la nécessité d'informer la compagnie à l'avance pour toute assistance spécifique, ce qui fut le cas de Pascale. L'échec flagrant de cette prise en charge interroge sur la formation du personnel, la disponibilité réelle des équipements adaptés et la communication interne au sein de la compagnie.
L'Europe a pourtant mis en place des réglementations visant à protéger les droits des passagers des services de transport par autocar, notamment le Règlement (UE) n° 181/2011 concernant les droits des passagers dans le transport par autobus et autocar, entré en vigueur en 2013. Celui-ci stipule clairement que les personnes handicapées et les personnes à mobilité réduite ne peuvent être discriminées. Des exceptions sont prévues pour des raisons de sécurité ou si la conception du véhicule rend l'embarquement impossible, mais ces cas doivent être dûment justifiés et les passagers informés et offerts des solutions alternatives.
Contactée par EuroMK News ce mardi 9 décembre 2025, la direction de FlixBus n'a pas encore publié de déclaration officielle détaillée sur l'incident de Pascale. Cependant, une source interne, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a indiqué qu'une enquête approfondie était en cours pour comprendre les défaillances ayant conduit à cette situation inacceptable. La compagnie regrette l'expérience vécue par Pascale et sa fille et assure prendre la situation « très au sérieux », promettant des mesures correctives si des manquements sont avérés. Pour l'heure, cette réponse reste insuffisante pour apaiser l'indignation générale.
Un appel à l'action pour une meilleure inclusion
Le témoignage de Pascale n'est malheureusement pas un cas isolé. De nombreuses associations de défense des droits des personnes handicapées dénoncent régulièrement les lacunes des services de transport, qu'il s'agisse des bus, des trains ou des avions. Les promesses d'accessibilité sont souvent contrecarrées par des réalités de terrain où le matériel fait défaut, où le personnel n'est pas formé ou où la bonne volonté individuelle ne suffit pas à pallier les carences systémiques.
« Ce n'est pas seulement pour moi que je témoigne, c'est pour toutes les personnes qui comme moi, veulent juste avoir le droit de se déplacer dignement », a insisté Pascale. Son calvaire est un rappel brutal que derrière les chiffres et les politiques, il y a des êtres humains dont la dignité est directement affectée par l'incapacité des services à répondre à leurs besoins fondamentaux.
Cet incident interpelle non seulement FlixBus, mais l'ensemble du secteur des transports et les pouvoirs publics. Il souligne l'urgence de renforcer les contrôles, de garantir une formation adéquate du personnel et d'assurer que les infrastructures et les véhicules soient réellement adaptés. Au-delà des contraintes techniques et logistiques, c'est une question de respect et de reconnaissance de la pleine citoyenneté des personnes en situation de handicap. Alors que l'Europe de 2025 aspire à être plus inclusive, l'expérience de Pascale nous rappelle le chemin qui reste à parcourir pour que personne n'ait plus jamais l'impression d'être un « déchet » sur le bord du chemin.