Est de la RDC : Baraka, la troisième ville du Sud-Kivu, menacée après la chute d'Uvira
Kinshasa, RDC – 13 décembre 2025 – L'Est de la République démocratique du Congo plonge une fois de plus dans une phase critique, alors que la coalition des Forces armées de la RDC (FARDC) et leurs alliés font face à une offensive fulgurante des rebelles de l'Alliance du Congo (AFC), incluant le Mouvement du 23 mars (M23). La prise éclair de la ville stratégique d'Uvira, sur les rives du lac Tanganyika, le jeudi 11 décembre 2025, a ouvert la voie à une progression menaçante vers le sud, plaçant désormais la ville de Baraka, troisième agglomération du Sud-Kivu, sous une pression militaire intense. Cette escalade a provoqué une alerte générale, tant au niveau national qu'international, culminant avec une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies ce vendredi 12 décembre.
La Chute Stratégique d'Uvira et ses Répercussions
La perte d'Uvira marque un tournant inquiétant dans le conflit. Ville portuaire majeure et carrefour commercial important, sa capture par l'AFC/M23 – un groupe armé dont les récents succès sont fréquemment attribués à des soutiens extérieurs, bien que toujours niés par les parties concernées – offre aux rebelles une base logistique cruciale et une porte d'accès facilitée à d'autres localités du Sud-Kivu. La rapidité de l'avancée a sidéré les observateurs et mis en évidence les défis persistants auxquels sont confrontées les forces gouvernementales congolaises.
Selon notre correspondante à Kinshasa, Paulina Zidi, l'onde de choc est palpable dans la capitale. « La nouvelle de la chute d'Uvira a créé une véritable onde de choc. C'est un point névralgique qui relie la RDC à la Tanzanie et au Burundi. Son contrôle est un atout majeur pour tout acteur sur ce front, tant sur le plan militaire qu'économique, » explique-t-elle, soulignant l'importance stratégique de cette localité pour le commerce régional et l'approvisionnement des populations.
Baraka : Prochaine Cible, Crainte Humanitaire
À une centaine de kilomètres au sud d'Uvira, Baraka se profile désormais comme la prochaine cible potentielle. Cette ville, également située au bord du lac Tanganyika, est une agglomération dense et un centre économique vital pour la région. La tension y est à son comble. Des sources sécuritaires locales ont rapporté des échanges de tirs intenses, attribués aux FARDC, ce vendredi 12 décembre, signe des combats qui se rapprochent inexorablement de la périphérie de la ville.
La perspective d'une offensive sur Baraka suscite une vive inquiétude pour la population civile. La région a déjà été le théâtre de déplacements massifs et d'atrocités par le passé. Une prise de Baraka entraînerait inévitablement de nouvelles vagues de déplacés, exacerbant une situation humanitaire déjà précaire. Les organisations non gouvernementales locales et internationales se préparent au pire, appelant à la protection des civils et à l'accès humanitaire sans entrave.
Le Contexte Régional et les Appuis Présumés
Le M23, réactivé après plusieurs années d'accalmie relative, est devenu le fer de lance de l'AFC, une coalition qui revendique la fin de l'insécurité et la défense des populations, mais est perçue par Kinshasa comme un instrument de déstabilisation aux mains de puissances étrangères, notamment le Rwanda, des accusations que Kigali a toujours fermement rejetées. L'histoire du M23 est jonchée de périodes de forte activité, notamment en 2012-2013, et sa résurgence depuis la fin de l'année 2021 a ravivé les plaies d'un conflit qui semble sans fin. Son mode opératoire, caractérisé par une discipline militaire et des équipements sophistiqués, alimente les spéculations sur la nature de ses appuis.
L'Est de la RDC est un kaléidoscope de groupes armés, d'intérêts économiques (minerais notamment) et de rivalités régionales complexes. Chaque avancée du M23/AFC est scrutée à la loupe par les capitales des pays voisins qui craignent un débordement du conflit sur leur territoire.
La Réaction Internationale : Conseil de Sécurité de l'ONU
Face à la gravité de la situation, le Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni en urgence ce vendredi 12 décembre 2025. Les discussions ont porté sur l'escalade militaire, la situation humanitaire alarmante et les voies et moyens de désamorcer la crise. Plusieurs États membres ont exprimé leur vive préoccupation quant à la recrudescence de la violence et ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et au respect du droit international humanitaire.
Les représentants de la RDC ont réitéré leurs accusations d'agression extérieure et ont demandé un soutien plus robuste de la communauté internationale, y compris des sanctions contre les entités et individus apportant un appui aux groupes armés. La Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), dont le mandat est en cours de réévaluation et de retrait progressif de certaines zones, se trouve également sous pression pour adapter son action face à cette nouvelle réalité.
Un Avenir Incertain pour l'Est Congolais
Alors que le 13 décembre 2025 se lève, la population de Baraka retient son souffle. L'incertitude plane sur l'avenir immédiat de cette région déjà meurtrie par des décennies de conflit. Les FARDC, avec le soutien de leurs alliés régionaux et de la MONUSCO, se préparent à défendre la ville, mais la tâche s'annonce ardue face à la détermination et à la capacité offensive du M23/AFC.
La crise dans l'Est de la RDC n'est pas seulement un problème congolais ; c'est un défi pour la stabilité de toute la région des Grands Lacs. La communauté internationale est appelée à agir avec fermeté et cohérence pour éviter une catastrophe humanitaire et œuvrer à une solution durable qui, pour l'heure, semble toujours aussi lointaine. Les prochains jours seront déterminants pour Baraka et pour l'équilibre précaire de cette partie du continent africain.