samedi 6 décembre 2025
Charleroi : La taxe à 15 millions d'euros sur l'aéroport déclenche une guerre politique wallonne
Politique

Charleroi : La taxe à 15 millions d'euros sur l'aéroport déclenche une guerre politique wallonne

Une taxe de trois euros par passager décollant de Charleroi, imposée par la Ville de Charleroi à BSCA, agite la scène politique wallonne en ce début de décembre 2025. Jugée 'un non-sens et un mauvais calcul' par les ministres MR Adrien Dolimont et Cécile Neven, cette décision est fermement défendue par Thomas Dermine, ravivant les tensions au sein de la coalition. EuroMK News décrypte les enjeux de cette mesure explosive.

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Une Mesure Fiscale Controversee Agite la Wallonie en Decembre 2025

Ce vendredi 6 décembre 2025, la Wallonie est le théâtre d'une vive polémique. Au cœur de la discorde : une nouvelle taxe de trois euros par passager décollant de l'aéroport de Charleroi (BSCA), dont l'impact financier annuel est estimé à quelque 15 millions d'euros pour l'infrastructure aéroportuaire. Cette décision, portée par la Ville de Charleroi, a rapidement déclenché une levée de boucliers au sein de l'exécutif régional, notamment de la part des ministres MR Adrien Dolimont et Cécile Neven, qui n'hésitent pas à qualifier la mesure de « non-sens et de mauvais calcul ». Face à cette offensive, Thomas Dermine, figure clé derrière cette initiative, défend ardemment sa position. EuroMK News vous éclaire sur les dessous de ce bras de fer politique aux lourdes conséquences économiques pour la région.

La Genèse d'une Taxe aux Enjeux Multiples

L'idée d'une contribution plus substantielle de l'aéroport de Charleroi à sa ville hôte n'est pas nouvelle, mais elle prend une forme concrète et controversée avec cette taxe de trois euros par passager partant. Décidée en début d'année 2025 par la majorité communale de Charleroi, et dont l'application est prévue pour le 1er janvier 2026, cette taxe vise à générer des revenus supplémentaires pour la Ville. Ces fonds seraient, selon ses promoteurs, essentiels pour soutenir les services publics locaux, investir dans des infrastructures communales ou compenser les nuisances induites par l'activité aéroportuaire.

Sur la base des projections de trafic de l'aéroport, qui espère dépasser les 5 millions de passagers sortants annuellement dans les années à venir, l'impact de cette taxe sur BSCA est évalué à environ 15 millions d'euros par an. Une somme considérable qui, pour ses détracteurs, pèsera lourdement sur la compétitivité et la santé financière d'un acteur économique majeur de la Wallonie. L'information, initialement révélée par nos confrères de Sudinfo plus tôt dans l'année, n'a cessé d'alimenter les débats depuis.

Le Front Uni du MR : « Un Non-sens et un Mauvais Calcul »

La réaction des ministres du Mouvement Réformateur a été immédiate et virulente. Le ministre-président wallon, Adrien Dolimont (MR), n'a pas mâché ses mots lors de ses récentes déclarations, dénonçant une décision « incompréhensible et préjudiciable ». Pour Dolimont, imposer une telle charge à BSCA, un aéroport déjà confronté à une concurrence européenne féroce, serait une erreur stratégique majeure. « Nous sommes en pleine période de relance économique post-pandémie. Fragiliser l'un de nos fleurons, créateur d'emplois directs et indirects, et porteur de l'image internationale de la Wallonie, est un non-sens absolu. C'est un mauvais calcul qui risque de se retourner contre la région tout entière », a-t-il affirmé avec force.

Même son de cloche du côté de Cécile Neven (MR), la ministre wallonne en charge des Aéroports. Elle exprime son désaccord sur la forme et sur le fond, craignant pour l'attractivité de Charleroi et, par extension, de la Wallonie. « Mon rôle est de soutenir le développement de nos plateformes aéroportuaires, qui sont des vecteurs de croissance et de connectivité. Cette taxe de 15 millions d'euros représente un coup de massue. Elle va inévitablement se répercuter sur les compagnies aériennes, qui pourraient choisir de délocaliser des lignes, ou sur les passagers, rendant l'aéroport moins attractif. C'est une décision qui va à l'encontre de la stratégie régionale de développement économique », a déclaré la ministre Neven, visiblement préoccupée par les potentielles répercussions sur l'emploi local et le tourisme.

La Réplique de Thomas Dermine : Défense et Perspectives

Face à la salve du MR, Thomas Dermine (PS), secrétaire d'État et acteur influent de la scène carolorégienne, monte au créneau pour défendre avec conviction la pertinence de cette taxe. Pour lui, la mesure s'inscrit dans une logique de juste contribution et de solidarité territoriale. « L'aéroport de Charleroi est un moteur économique indéniable, mais son activité génère aussi des impacts sur le territoire et ses habitants. Il est légitime que la Ville puisse bénéficier d'une part de cette prospérité pour financer des projets d'intérêt général et compenser ces externalités », argumente Thomas Dermine. Il souligne l'importance pour la Ville de Charleroi de disposer de ressources propres, surtout dans un contexte budgétaire tendu pour de nombreuses communes.

Dermine insiste également sur le fait que la capacité financière de BSCA lui permettrait d'absorber cette taxe sans compromettre son équilibre. « L'aéroport a connu une croissance impressionnante ces dernières années. Cette contribution est un investissement dans son environnement direct, essentiel pour une cohabitation harmonieuse et le développement durable de la région. Il ne s'agit pas d'étrangler l'aéroport, mais de lui demander une participation équitable à la vie de son territoire », a-t-il précisé, tentant de rassurer sur la pérennité de l'activité aéroportuaire.

Impact Potentiel et Conséquences Économiques

Les conséquences de cette taxe de 15 millions d'euros pourraient être multiples et complexes. Pour BSCA, cela représente une augmentation significative de ses coûts opérationnels, potentiellement répercutée sur les redevances aéroportuaires des compagnies. Les compagnies aériennes low-cost, piliers du modèle économique de Charleroi, sont particulièrement sensibles à ces coûts additionnels et pourraient revoir leurs stratégies de déploiement, voire réduire la voilure. Une diminution du nombre de vols ou de destinations aurait un impact direct sur l'affluence de passagers, le chiffre d'affaires des commerces de l'aéroport et, in fine, sur l'emploi.

Au-delà de l'aéroport lui-même, c'est l'ensemble de l'écosystème économique régional qui pourrait être affecté : secteur hôtelier, entreprises de transport, services touristiques. L'image de la Wallonie, qui s'efforce d'attirer les investissements étrangers et de renforcer son attractivité, pourrait également pâtir de cette perception d'un environnement fiscal imprévisible ou lourd. Les débats actuels mettent en lumière une tension fondamentale entre les besoins de financement des pouvoirs locaux et la nécessité de préserver la compétitivité des infrastructures stratégiques.

Une Bataille Politique aux Enjeux Multiples

Cette controverse n'est pas qu'économique ; elle est profondément politique. Elle révèle des divergences importantes au sein de la coalition gouvernementale wallonne entre le PS (parti de Thomas Dermine) et le MR (parti d'Adrien Dolimont et Cécile Neven). À l'approche de futures échéances électorales, ce genre de désaccord public peut fragiliser l'unité de la coalition et polariser l'opinion. La question de l'autonomie des pouvoirs locaux face aux objectifs stratégiques régionaux est également soulevée, interrogeant la gouvernance et la coordination des politiques publiques en Wallonie.

Perspectives et Scénarios Futurs

La situation actuelle, en ce début décembre 2025, est tendue. Plusieurs scénarios peuvent être envisagés. Une solution pourrait être trouvée par la négociation, potentiellement un compromis sur le montant de la taxe ou sur son mode d'application, afin d'atténuer l'impact sur BSCA tout en assurant une contribution à la Ville de Charleroi. Une médiation politique au plus haut niveau de la Région wallonne semble inévitable pour désamorcer cette crise.

En l'absence de terrain d'entente, l'implémentation de la taxe au 1er janvier 2026 pourrait entraîner des recours légaux de la part de l'aéroport ou des compagnies aériennes. Le risque est également de voir des compagnies réévaluer leur présence à Charleroi, avec des conséquences difficiles à prévoir pour le trafic aérien et l'emploi. La décision finale et les ajustements qui en découleront seront cruciaux pour l'avenir de l'aéroport de Charleroi et, plus largement, pour la stratégie de développement économique de la Wallonie.

Conclusion

La taxe de 15 millions d'euros sur l'aéroport de Charleroi cristallise des enjeux complexes : financement local, compétitivité économique, stratégie régionale et équilibre politique. Alors que les ministres MR dénoncent un « non-sens », Thomas Dermine défend une juste contribution. Les prochaines semaines seront déterminantes pour trouver un chemin entre ces positions divergentes et assurer un avenir serein à l'une des portes d'entrée majeures de la Wallonie.

Photo by Nick Romero on Unsplash

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